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En RDC, les religieux s'opposent au président de la Céni

23 juin 2020

Les religieux catholiques et protestants refusent la nomination de Ronsard Malonda à la tête de la Commission électorale nationale indépendante. Ils le considèrent comme la "continuité de l’ancienne Céni".

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Corneille Nangaa annonce les résultats des élections.
Le 10 janvier 2020, l'ancien président de la Céni, Corneille Nangaa Yobeluo, annonçait les résultats controversés de la présidentielleImage : Getty Images/AFP/J.D. Kannah

En vertu de l’article 3 de la loi organique qui régit le fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante, la présidence de cette institution échoit à la société civile. 

Or, la plénière de la Céni a porté son choix sur Ronsard Malonda, l'actuel secrétaire exécutif national de cette instance électorale. Ronsard Malonda est "la cheville ouvrière" des élections de 2018, selon le porte-parole de la Cenco, l'abbé Donatien Nsholé. 

L’abbé Donatien Nshole : Ronsard Malonda est "la cheville ouvrière" des élections de 2018

La Conférence épiscopale a laissé entendre que le gagnant de la dernière élection présidentielle, proclamé par la Céni, n’était en effet pas Félix Tshisekedi mais un autre opposant, Martin Fayulu.

Les représentants religieux veulent donc une refonte de la Céni et non pas une solution de continuité avec Ronsard Malonda.

Dieudonné Wamu Oyatambwe : "Il y a de gros soupçons qui pèsent sur les dirigeants de la Céni "

"Il y a de gros soupçons qui pèsent sur les dirigeants de la Céni. Vous savez par exemple que Corneille Nangaa (le président sortant de la Céni) et Norbert Basengezi, qui était son adjoint, ainsi que le fils de ce dernier, Marcel Basengezi, sont sanctionnés par le trésor américain qui les accuse d'avoir détourné pas moins de 100 millions de dollars dans des opérations liées à l'achat des machines à voter. Passer à une nouvelle  commission comme si de rien n'était me semble une opération tout à fait dangereuse", précise le politologue Dieudonné Wamu Oyatambwe.

Réformes

Fidèle Babala, le secrétaire général du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, exige lui aussi une réforme de cette instance électorale.

"Cette société civile a été depuis le début de la Céni, de la Cei (Commission électorale indépendante), caporalisé par le pouvoir en place. Il faut que nous fassions des réformes pour rendre crédible les prochaines élections. Sinon, changer un homme ne sert à rien", regrette l’opposant.

L’ombre de Joseph Kabila

Le politologue Dieudonné Wamu Oyatambwe attribue le blocage actuel à la majorité parlementaire du FCC, fidèle à l’ancien président, Joseph Kabila.

Pour lui, "il est clair que pour le camp Kabila, qui a été le principal bénéficiaire du chaos orchestré par la Céni lors du précèdent cycle électoral, aller dans le sens de ce que demande la société civile serait suicidaire. Ils se sont accommodés d'un système dans lequel ils ont la maitrise de tout ce qui se passe au niveau de la Commission électorale où ils font élire qui ils veulent. Donc, on est vraiment face à une question qui est cruciale pour l'avenir du Congo."

Alain-Joseph Lomandja : "le FCC est en train de rééditer la même stratégie"

Pour sa part, Alain-Joseph Lomandja Lomema, analyste des questions électorales et politiques, demande aux acteurs impliqués de désigner une personnalité consensuelle et neutre à la tête de la Commission électorale  pour succèder au très controversé, Corneille Nangaa, en poste depuis 2015, afin que les élections générales de 2023 puissent être organisées de façon optimale.