Encore un Américain à la tête de la Banque mondiale
17 avril 2012C'est à l'âge de 5 ans que sa famille émigre aux Etats-Unis, dans l'état rural de l'Iowa. Après une carrière d'écolier et de lycéen exemplaire, Jim Yong Kim passe avec brio son doctorat de médecine à la très renommée université de Harvard, puis un doctorat d'anthropologie. Il travaille ensuite dans la recherche – notamment dans la lutte contre la tuberculose et le Sida et s'engage rapidement pour la santé publique dans les pays en développement, en Haïti ou au Pérou notamment. En 1987 il fonde une ONG « Partenaires pour la Santé ». De 2003 à 2007 il dirige le département VIH / SIDA de l'OMS, l'Organisation Mondiale de la Santé. Depuis il était recteur de l'Université de Dartmouth.
Le processus de la nomination à la Banque Mondiale de plus en plus critiqué
Contrairement aux élections précédentes, la décision de sa nomination n'a pas été prise à l'unanimité. Et pour la première fois, des candidats des pays émergents étaient en compétition contre un candidat américain. La principale rivale de Kim, la ministre nigériane des Finances Ngozi Okonjo-Iweala l'a félicité pour sa nomination. Mais elle a aussi déclaré à Abuja qu'elle aurait souhaité un processus plus transparent qui « dépende plus des mérites concrets » des candidats.
L'ex ministre colombien des Finances Jose Antonio Ocampo qui avait retiré sa candidature la semaine dernière à propos de ce processus :
« C'est une amélioration sensible par rapport au passé. C'est aussi une amélioration par rapport au processus de sélection pour le poste de directeur du FMI l'année passée. Mais je pense qu'il faut réformer ces processus, parce que ce n'est pas vraiment transparent ni basé sur le mérite. »
De nombreux analystes et politologues estiment aussi qu'il est temps de davantage faire entendre la voix des pays émergents. Ainsi Heribert Dieter de la Fondation allemande Sciences et Politiques :
« C'est bien qu'il y ait eu d'autres candidats, mais je pense que l'époque de cette domination des puissances transatlantiques sur le FMI et la Banque Mondiale devrait lentement toucher à sa fin. La montée en puissance des états du BRICS doit un jour se traduire par des postes de responsabilité pour ces pays. Et là Européens et Américains doivent à l'avenir présenter un nouveau concept. »
Fera -t- il oublier aux pays émergents qu'ils ont à nouveau à faire à un Américain?
Le président Barack Obama a dit de son candidat pour la direction de la Banque Mondiale qu' « il était temps qu'un professionnel de l'aide au développement dirige la plus grande institution mondiale d'aide au développement ! »
Récemment, Jim Yong Kim déclarait lors d'une interview avec la chaîne américaine PBS: « Comme on le dit en Afrique: quand les éléphants se battent, l'herbe souffre. Ce sont les plus pauvres parmi les pauvres qui souffrent le plus ! »
Il est donc permis d'espérer que le nouveau directeur de la Banque Mondiale n'oublie pas les intérêts des pays en développement.
Auteur : Philippe Pognan
Edition: Marie-Ange Pioerron