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Enlèvement au Cameroun, un ex-otage témoigne

Jean-Michel Bos
14 novembre 2018

Alors que le gouvernement intérimaire dit de l'Ambazonie durcit le ton et déclare la fermeture de ses frontières, une des 83 personnes enlevées le 5 novembre à Bamenda a raconté cette journée à la DW.

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Kamerun Bamenda Schüler entführt
Image : Reuters/B. Eyong

"Les Ambazoniens, ce sont les gens qui nous ont enlevés."

Cette nuit-là, celle du 4 au 5 novembre, les chiens du directeur du collège presbytérien d'enseignement secondaire de Nkwen, à Bamenda, ont beaucoup aboyé. Le directeur a donc appelé le chauffeur, Tadeus, et lui a demandé d'aller voir ce qui se passait.

Une fois dehors, le chauffeur a constaté que des hommes armés s'étaient introduits dans l'enceinte du collège.

Ceux-ci lui ont ordonné de les conduire à la porte du principal du collège. Après l'avoir obligé à sortir, ils ont conduit ce dernier avec le chauffeur dans les dortoirs où les élèves étaient endormis.

Ensuite, ils ont forcé le chauffeur d'aller chercher la clé du bus de l'école et de sa propre voiture.

"Les élèves étaient couchés sur le sol, j'ai trouvé moyen de rouler jusqu'au portail puis ils m'ont demandé de sortir de la voiture. Ils ont aussi pris possession du bus.»

Karte Kamerun EN

C'est ainsi que durant la nuit, 83 personnes ont été enlevées en pleine ville de Bamenda et conduits les yeux bandés à plusieurs kilomètres de là, d'abord en forêt, puis dans une maison de trois pièces abandonnée.

Les garçons ont été séparés des filles, le directeur de l'école et une enseignante maintenus à part.

Plus tard, ils seront conduits par les mêmes ravisseurs à l'église presbytérienne de Bafut.

"Ils nous ont abandonné là et sont partis. Après un certain temps, le pasteur est venu nous donner des bananes à manger."

Les ravisseurs étaient "des Ambazoniens" 

A propos de la polémique qui a entouré l'identité des ravisseurs, le chauffeur de l'école affirme qu'il s'agissait bien des sécessionnistes.

"Les Ambazoniens, ce sont les gens qui nous ont enlevés, moi, le principal et les élèves."

Les enquêtes se poursuivent autour de l'enlèvement alors que le gouvernement intérimaire dit "de l'Ambazonie" vient de durcir le ton en décrétant la fermeture des frontières de son territoire auto-proclamé.

Mais le récit de ce chauffeur suscite encore beaucoup d'interrogations sur les complicités qui auraient pu encadrer le kidnapping de la Presbyterian secondary school de Nkwen, à Bamenda.

Sur les 83 otages, 79 avaient été libérés deux jours plus tard. Trois autres, deux élèves et une responsable de l'école, ont retrouvé la liberté lundi 12 novembre, selon un responsable administratif de la région du Nord-Ouest.

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Jean-Michel Bos Journaliste au programme francophone de la DW.JMBos