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"Notre public nous donne la direction"

Johannes Hoffmann / Berthold Stevens2 mai 2013

La Deutsche Welle a diffusé sa première émission le 3 mai 1953. Où en est-elle 60 ans plus tard ? Erik Bettermann, son directeur général, répond à la question.

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Erik Bettermann, directeur général de la DW
Erik Bettermann, directeur généralImage : DW

DW : Vous dirigez la Deutsche Welle depuis 2001. Qu'est ce qui a le plus marqué la DW ces 12 dernières années ?

Erik Bettermann : Sans aucun doute le 11 septembre 2001, avec toutes ses conséquences. Quelques jours avant ma prise de fonction, j'ai eu la confirmation de l'importance de la Deutsche Welle pour notre pays. Et puis il faut parler bien sûr de l'évolution technique. Elle a été très rapide et a révolutionné la communication dans le monde. Cela concerne autant la production et la diffusion des offres médiatiques que le comportement des internautes.

La DW a été créée huit ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle avait alors pour mission de "décrisper" et d'accompagner l'Allemagne dans son retour au sein de la communauté internationale. 60 ans plus tard, quelle est la mission de la DW ?

Aujourd'hui comme autrefois, la DW doit faire connaître notre pays et ses valeurs. Selon la loi de 2005 sur la DW, "elle doit rendre l'Allemagne compréhensible comme nation européenne et État de droit démocratique". Cette loi a modernisé et élargi notre vocation. Avec nos offres journalistiques en de nombreuses langues et l'Académie de la DW, nous sommes aujourd'hui une plateforme pour le dialogue des cultures. Nous nous considérons donc aussi comme la voix de la liberté et des droits de l'Homme. Nous avons également pour mission de promouvoir la langue allemande.

En quoi cela se répercute-t-il dans l'offre journalistique ?

Nous voulons toucher un public mondial. Pour cela nous offrons des contenus en 30 langues. La mission définie par le législateur, de même que la ligne éditoriale de la DW, fournissent le cadre à nos rédactions. Notre travail est toujours guidé par les attentes des télespectateurs, auditeurs et internautes. Nous devons fournir une offre aussi différenciée que possible selon les régions du monde et les langues. Cela implique de s'adapter en permanence aux évolutions techniques et au comportement des utilisateurs. C'est la raison pour laquelle nous avons misé pendant si longtemps sur les ondes courtes, puis développé la télévision par satellite et utilisé très tôt l'internet avant de devenir ce que nous sommes aujourd'hui : une entreprise multimédia. C'est aussi la raison pour laquelle nous régionalisons le plus possible nos contenus. Depuis un an, nous diffusons sur six canaux TV régionalisés des informations en allemand, anglais, espagnol et arabe. Nous produisons dans d'autres langues des magazines TV pour des stations partenaires dans le monde entier. Et nos activités en ligne s'étendent bien évidemment aux médias sociaux et aux services mobiles.

Une mission définie par la loi, un financement assuré par l'État... Comment, dans ces conditions, la DW peut-elle préserver depuis 60 ans son indépendance journalistique ?

En tant que radio-télévision de droit public pour l'étranger, nous avons un avantage décisif sur le marché international de l'information. Comme toutes les radios allemandes, nous sommes protégés par l'article 5 de la Constitution. Il n'y a donc pas de contradiction entre d'une part le fait d'être régi par une loi et financé par le contribubale allemand, de l'autre notre indépendance journalistique. Grâce à un journalisme de qualité et une présentation toujours équilibrée de notre pays, la DW a acquis au cours des dernières décennies une réputation de fiabilité et de crédibilité. On nous fait confiance, car nous avons aussi à cœur de donner la parole à ceux qui sont opprimés dans leurs pays.

Est-ce que cela explique la popularité des programmes de l'Académie de la DW ?

Nous encourageons depuis près de 50 ans le développement de systèmes médiatiques libres et transparents dans le monde entier. Le ministère de la Coopération est à cet égard notre principal partenaire. Ensemble, nous renforçons la qualité journalistique dans les pays en développement et en transformation. Il ne s'agit pas seulement de former des journalistes, mais aussi d'initier les médias à des stratégies de survie économique et d'ouvrir l'accès à l'information à des groupes de population défavorisés.

Erik Bettermann, directeur général de la Deutsche Welle