Fallouja ne va rien changer
18 novembre 2004La soi-disant victoire de Falloudja est une victoire à la Pyrrhus, titre Die Zeit. Fallouja devait tomber pour pacifier l’Irak ? Si la ville semble prise, la guerre reprend de plus belle 500 kilomètres plus loin. Falloudja devait obliger les Sunnites à suivre le processus politique imposé par la présence occupante ? Après la mort massive de leurs coreligionnaires, ils seront encore moins prêts que jamais à faire des concessions. Les Américains croient-ils vraiment que l’on peut pousser aux urnes une population à coups de bombes ? s’interroge le quotidien.
Certainement pas, reprend Die Welt. La représentation politique des Sunnites vient de quitter le gouvernement provisoire irakien. Ce n’est pas une stratégie militaire, mais bien politique qui pourra les ramener dans la vie politique irakienne. Et puis, il n’y a pas de guerre sans haine, reprend le journal. Les images de l’exécution présumée de Margaret Hassan et celles de l’Irakien désarmé abattu dans la mosquée de Falloudja le démontrent, même si, en citant cyniquement Clausewitz, on pourrait parler ici du cours normal des choses.
Sur ce point, la Tageszeitung de Berlin souligne que l’exécution sommaire de l’Irakien a été commentée avec beaucoup de retenue par les médias américains. Dans le genre : un comportement certes inexcusable, mais parfaitement compréhensible dans le contexte de stress militaire subi par les Marines américains.
Quant à l’assassinat présumé de la directrice de Care, de nationalité britannique, qui ouvre toutes les spéculations sur l’avenir politique de Tony Blair, la Frankfurter Rundschau juge que c’est bien l’intervention de Tony Blair qui a scellé le destin de cette femme très appréciée à Bagdad. Tellement appréciée que certains prétendent que même l’organisation radicale d’Abu Mousab Al Zarquaoui aurait demandé sa libération, affirme le quotidien.
Pour finir, la Süddeutsche Zeitung fait remarquer que toutes les prédictions optimistes du prédicateur solitaire, comme elle surnomme le locataire du 10 Downing Street sur l’avenir de l’Irak et du monde sont de plus en plus ridicules. Ce monde meilleur et plus sûr qui selon lui justifiait la guerre en Irak devient la version britannique des fameux paysages florissants promis par le chancelier Helmut Kohl au lendemain de la réunification, conclut le journal.