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Faut-il déployer des casques bleus en Libye ?

6 juillet 2020

Norbert Röttgen, le président de la Commission des Affaires étrangères du Bundestag, a préconisé cette opération. La proposition a été critiquée par le SPD.

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Des casques bleus rwandais avant leur départ pour le Soudan du sud
Des casques bleus rwandais avant leur départ pour le Soudan du sud Image : picture-alliance/AP Photo/J. Lynch

La semaine dernière, le président de la Commission des Affaires étrangères du parlement allemand, le Bundestag, a préconisé le déploiement des casques bleus de l’ONU pour stabiliser la Libye.

Lire aussi → Libye : vers un conflit ouvert entre la Turquie et l’Egypte?

Le président de la Commission des Affaires étrangères du parlement allemand, Norbert Röttgen, auteur de la proposition
Le président de la Commission des Affaires étrangères du parlement allemand, Norbert Röttgen, auteur de la propositionImage : picture-alliance/dpa/K. Schindler

Selon Norbert Röttgen, ce déploiement garantirait une zone tampon entre les parties en conflit. Cette proposition a été dans la foulée critiquée par des élus du parti social-démocrate, le SPD. La réussite d'un tel déploiement dépendrait bien plus de l'engagement des acteurs extérieurs de la crise.

Divisions sur le déploiement de casques bleus

La question du déploiement en Libye des casques bleus ou d’une mission d’interposition et de maintien de la paix a toujours divisé les puissances impliquées dans ce conflit. En visite en Allemagne en janvier 2020, deux mois avant sa démission, l’envoyé spécial de l'ONU pour la Libye s’était opposé à une telle éventualité. Ghassan Salamé avait plutôt préconisé que les parties observent un cessez-le feu pour donner une chance à un règlement politique du conflit.

Jalel Harchaoui : "Chaque jour, il y a des tonnes d'armes qui arrivent en Libye à cause des Émirats arabes unis"

Pour Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye à l’Institut néerlandais des relations internationales Clingendael, à La Haye, "parler des casques bleus sans parler du comportement des Émirats arabes unis ou des Russes ou des soutiens occidentaux, par exemple de la France, pour ces actions là, et celles de l’Egypte ? Chaque jour, il y a des tonnes d'armes qui arrivent en Libye à cause des Émirats arabes unis. Mais, je ne suis pas en train de dédouaner la Turquie. La Turquie aussi est très guerrière. Elle est très ambitieuse. Il y a de plus en plus un désir de ne pas critiquer la Russie, même si elle commet des crimes absolument répréhensibles en Libye. Par exemple, l'utilisation des mines anti-personnelles qui tuent beaucoup de civils. Donc, il faut aborder ces sujets beaucoup plus pénibles qui sont au cœur du moteur de la guerre, c’est-á-dire les armes, les contributions militaires, les mercenaires des deux côtés".

Faiblesse de la Libye

Barah Mikaïl, professeur associé à l'université Saint Louis de Madrid et spécialiste des relations russo-libyennes, estime que le déploiement d’une force de l’Onu en Libye viendrait mettre à nu les faiblesses des Nations unies.
"Au contraire, il confirmerait plutôt, s'il venait à être déployé, la faiblesse et le manque d'action de la part de l'ONU, puisque la vocation des casques bleus serait de compter les tirs et de compter les balles sans pour autant être en mesure d'arrêter significativement les combats. Et donc, c'est pourquoi, je crois que malheureusement, la question du déploiement des casques bleus ne pourrait être une solution. C'est pourquoi, on ne peut compter sur elle pour faire avancer les choses. Le problème numéro 1 pour le conflit en Libye demeure le soutien logistique, le soutien financier et le soutien militaire octroyé par plusieurs Etats étrangers aux protagonistes libyens", explique le chercheur.

Barah Mikaïl : "Le déploiement des casques bleus confirmerait la faiblesse de l’ONU"

Plusieurs initiatives de pacification de la Libye sont jusqu'ici restées sans succès. La Libye, empêtrée dans une guerre civile fratricide depuis 2011 et l’assassinat le 20 octobre 2011 de Mouammar Kadhafi, le guide de la révolution d'El Fateh.

En janvier dernier, à Berlin, les belligérants et leurs soutiens étrangers ont participé à une conférence destinée à trouver des solutions de sortie crise. Sans succès.