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Faut-il laisser les oeuvres d'art dans les musées ?

Etienne Gatanazi
23 novembre 2018

Un rapport d'experts propose la restitution des objets d'art pris par la France pendant la période coloniale. Plus de 46.000 de ces objets d'art suscitent une polémique.

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BG Afrikanische Raubkunst | Kultgott GU vom Palast des Königs Behanzin
Image : Imago/UIG/W. Forman

Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, les deux experts universitaires qui ont rédigé le rapport, dressent le bilan de 90% d'objets d'art essentiellement partis de pays africains, ce qui explique pourquoi le texte se concentre uniquement sur le continent africain. 

On y retrouve un mélange de nostalgie culturelle et d'excitation de pouvoir retrouver un trésor longtemps conservé à des milliers de kilomètres. 

Mais une fois ces œuvres restituées, qui, entre les Etats et leurs peuples, ou entre les Etats et les autorités cultuelles traditionnelles, devrait disposer des droits sur ces objets? 

Pour Ousmane Zina, professeur d'histoire à l'université de Bouaké en Côte d'Ivoire, les deux ont une légitimité.

"Il est clair que les musées ont un rôle de conservation, de la mémoire collective et culturelle. C'est ça, le rôle des musées. Ce n'est pas forcément un lieu d'usurpation. Les élèves du primaire et du secondaire ont l'habitude d'aller voir ces œuvres d'art. Maintenant, à côté de ce qui est conservé dans les musées, il y a effectivement des œuvres qui se trouvent dans les villages, dans les localités concernées. Le développement d'ailleurs du tourisme va dans ce sens. Il s'agit d'amener d'autres gens vers les peuples. Aller dans ces villages pour regarder ces œuvres etc.", explique Ousmane Zina.

Pour Marie-Cécile de la Fondation Zinsou au Bénin, il faut surtout voir la démarche du président Macron dans une perspective de collaboration.

"Le rapport préconise de faire des commissions bilatérales entre les pays africains et la France pour travailler ensemble et définir quels objets restent en France, et ceux qui partent en Afrique. Donc, il ne faut pas y voir le départ de 46.000 œuvres, toute suite, du Quai Branly. Ce n'est pas du tout le sujet. Je crois que toute cette bataille, tout ce projet engagé par le président Macron, ne souhaite pas appauvrir la France, au contraire. C'est un enrichissement de travailler avec les pays africains", assure Marie Cécile.

Différents pays africains, comme par exemple le Bénin ou le Sénégal, se disent prêts à accueillir ces œuvres d'art car ils affirment disposer des infrastructures muséales nécessaires.