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Fin de l'ère Morsi en Egypte

Marie-Ange Pioerron5 juillet 2013

Dans la presse allemande tous les regards sont tournés vers l'Egypte. La chute du président Mohamed Morsi, après une année passée à la tête du pays, éclipse le reste de l'actualité africaine.

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Soldats près d'un partisan du président déchu, le 4 juilletImage : Reuters

L'ère Morsi est terminée, écrit le Tagesspiegel de Berlin. La constitution est suspendue, le chef de l'Etat, démocratiquement élu, destitué, ce qui reste du parlement est dissout. C'est à nouveau l'heure zéro au cadran de toutes les institutions de l'Etat. L'Egypte a perdu deux années et demie. Et nul ne peut dire si ce pays mis à mal a suffisamment de forces pour prendre un nouveau départ. Cette spectaculaire crise de l'Etat égyptien, poursuit le journal, ne fait que des perdants. L'armée va durcir le ton à l'intérieur, sinon le pays risque d'échapper à tout contrôle. L'opposition, par son alliance entre mouvement démocratique et anciens pro-Moubarak, a contribué à la chute du premier président démocratiquement élu. Et les Frères musulmans, après quatre-vingts ans dans la clandestinité, ont dilapidé en douze mois de gouvernement tout leur capital politique. Il leur faudra des années, si ce n'est des décennies pour le reconstituer.

Ägypten nach Mursi-Sturz
Partisans de Mohamed Morsi près de la mosquée Raba El-Adwyia au CaireImage : Reuters

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, Mohamed Morsi doit surtout s'en prendre à lui-même. Ce fils de paysans né dans un village du delta du Nil avait un gigantesque capital de confiance sur lequel il aurait pu bâtir. Au second tour de l'élection présidentielle, en juin dernier, ils avaient été huit millions de plus qu'au premier tour à voter pour lui - et contre le dernier premier ministre de Hosni Moubarak, Ahmed Shafiq. Mais poursuit le journal, en novembre de l'année dernière Mohamed Morsi a perdu le soutien des Egyptiens non-islamistes. Par son décret lui accordant de larges prérogratives, il a éliminé le pouvoir judiciaire. Et puis, note aussi le journal, alors qu'il avait promis de s'attaquer pendant les cent premiers jours de son mandat aux problèmes de transport et d'environnement ainsi qu'au chômage des jeunes, la crise économique n'a fait que s'aggraver.

Ägypten Mursi Nachfolger Adli Mansour
Adli Mansour, président par intérimImage : AFP/Getty Images

Coup d'Etat ou sauvetage?

Les avis sont partagés quant au bien-fondé de l'intervention des militaires. Sans applaudir au coup de force de l'armée, certains commentateurs estiment qu'il était devenu inéluctable. Personne d'autre que l'armée, écrivent les Stuttgarter Nachrichten, n'aurait été en mesure de mettre un terme à une évolution politique dont les erreurs allaient tourner au drame. La situation était désespérée, note également la Süddeutsche Zeitung. Les militaires n'avaient pas le choix. Mais le coup d'Etat du Caire n'est pas une panacée. Il offre tout au plus un répit. La culture parlementaire ne jaillit pas du jour au lendemain. Les problèmes structurels de l'économie demeurent, la pauvreté s'accroit.

Ägypten nach Mursi-Sturz
Des soldats pressant une pro-Morsi de s'écarterImage : Reuters

Le quotidien Die Welt espère que l'armée égyptienne prendra exemple sur l'armée turque du temps d'Atatürk (le père fondateur de la Turquie moderne), à savoir qu'elle modernisera le pays et le transformera en Etat de droit. Mais rien n'est sûr, poursuit le journal, qui se demande aussi si l'Egypte va sombrer dans une guerre civile, comme l'Algérie en 1992. die tageszeitung ne fait pas du tout confiance à l'armée. Ce ne sont pas les manifestants, écrit le journal, qui ont renversé Morsi, ce sont les généraux. Mais les adversaires de Morsi viennent de remporter une victoire à la Pyrrhus. Pour le mouvement démocratique les généraux sont de faux amis. Ce ne sont pas des démocrates, et ce sont moins encore les garants d'une évolution démocratique.

Barack Obama / Südafrika / Kapstadt / Universität
Barack Obama à l'université du CapImage : Reuters

Fin de la tournée d'Obama en Afrique

Hormis l'Egypte, la presse allemande a continué de suivre le voyage du président américain Barack Obama en Afrique. Après le Sénégal, il s'est rendu en Afrique du sud et en Tanzanie. Les commentaires sur cette tournée du président américain en Afrique subsaharienne sont mitigés. La Berliner Zeitung décerne une bonne note à Barack Obama: il s'est étonnamment bien comporté,écrit le journal. Ce voyage dans trois pays africains semblait avoir été planifé, comme ses campagnes électorales, par un état-major général: un thème central pour chaque pays, un programme pour chaque thème central. Au Sénégal, la priorité était à la sécurité alimentaire, toujours précaire en Afrique. En Afrique du sud l'attention s'est portée sur les jeunes du continent. En Tanzanie enfin le manque criant d'électricité sur le continent a été au centre de la visite. Bref, souligne le journal, une tournée bien maîtrisée.

Obama in Tansania
Obama en TanzanieImage : Reuters

L'hebdomadaire der Freitag estime qu'Obama a fait en Afrique ce que les milieux politiques et économiques américains attendaient de lui: dénoncer la corruption, rendre hommage à la croissance de la classe moyenne et, une fois de plus, ouvrir la perspective d'un passgae de l'aide au commerce, aux investissements. Comme ses prédécesseurs il s'est efforcé d'entretenir l'image d'une superpuissance désintéressée. Le séjour de Barack Obama en Afrique du sud, relève la Frankfurter Allgemeine Zeitung, n'a pas été accompagné de débordements d'enthousiasme. La maladie de Nelson Mandela n'en est pas l'unique raison. Si l'Afrique du sud n'a pas succombé à l'obamania c'est aussi parce que le président américain aux racines africaines n'avait ni grand chose à dire, ni grand chose à offrir au continent. Pour la Süddeutsche Zeitung, cette visite arrive trop tard. Barack Obama, le premier président noir dans l'histoire des Etats-Unis, ne s'est pas laissé voir pendant quatre ans sur la terre de ses ancêtres. L'euphorie initiale affichée par de nombreux Africains a cédé depuis longtemps la place à la déception et l'indifférence.