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Fin de parcours pour le nazi hongrois László Csatáry

Philippe Pognan (avec DPA, AFP)12 août 2013

László Csatáry est mort à l'âge de 98 ans sur un lit d'hôpital à Budapest. Arrêté dans la capitale hongroise en juillet 2012, il figurait en tête de la liste des criminels de guerre nazis les plus recherchés au monde.

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László Csatáry, le 18 juin 2013Image : picture-alliance/dpa

László Csatáry s'était engagé jeune dans la police hongroise. En 1944, il était déjà chef de la police de Kosice, dans l'est de l'actuelle Slovaquie, ville alors sous administration de la Hongrie, pays allié du Troisième Reich.

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, László Csatáry avait été recherché, en vain, puis finalement condamné à mort par contumace en 1948 à Kosice, situé à l'époque en Tchécoslovaquie. La justice tchécoslovaque l'accusait d'être responsable de la déportation de 15.700 juifs du ghetto de Kosice vers le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, où une mort sûre les attendait.

Des poursuites tardives

László Csatáry s'était réfugié au Canada où il menait une vie confortable en tant que marchand d'art. Ce n'est qu'en 1995 que les autorités canadiennes ont découvert sa véritable identité. Le Canada lui retire alors sa citoyenneté, ouvre une enquête contre lui pour crimes de guerre et engage une procédure d'expulsion.

Mais là encore, l'ancien nazi a été plus rapide que la justice. Il s'enfuit en Hongrie, son pays d'origine, en 1997. Il vit à Budapest, apparemment sans être inquiété, jusqu'à son arrestation en juillet 2012. Il est alors assigné à résidence.

En avril 2013, le tribunal de Kosice commue formellement sa peine de mort en réclusion à perpétuité ce qui aurait dû permettre son extradition de Hongrie, réclamée par les autorités slovaques. La justice slovaque avait fixé la date du procès au 26 septembre. Le vieillard, qui a succombé samedi à une pneumonie, a toujours affirmé être non coupable.

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Arrivée d'un transport de juifs de Hongrie au camp d'AuschwitzImage : picture-alliance/dpa

Exécutant donc non coupable ?

László Csatáry a toujours dit avoir seulement exécuté les ordres de ses supérieurs hiérarchiques. Un argument souvent avancé par des policiers ou soldats accusés de crimes dans l'exercice de leurs fonctions. Cependant, une telle argumentation n'a souvent aucune valeur devant la justice dans le cas de crimes de guerre ou de crimes contre l'humanité.

Mais László Csatáry, qui n'a pas été inquiété par les autorités hongroises, n'est pas un cas unique. Selon de nombreux historiens et experts de l'histoire de l'Holocauste, pas moins de 200.000 soldats, gendarmes et policiers hongrois auraient activement participé aux arrestations et déportations de juifs, suivant à la lettre les directives racistes et antisémites élaborées par Adolf Hitler et les hauts responsables nazis à Berlin.

Les fascistes hongrois à l'honneur

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Membres du mouvement d'extrême droite nationaliste la "Garde hongroise" lors d'une cérémonie du souvenir pour l'anniversaire de la mort de Miklos HorthyImage : AP

Il faut noter que Miklos Horthy, régent du royaume de Hongrie de 1920 à 1944, antisémite notoire, co-responsable de la déportation de plus de 400.000 juifs vers le camp d'extermination nazi d'Auschwitz-Birkenau rien qu' entre les mois de mai et juillet 1944, semble de plus en plus réhabilité dans la Hongrie moderne : dans plusieurs villes, on a érigé des statues à son effigie et inauguré des plaques commémoratives.