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Fin du bac au Mali : double épreuve pour les candidats

Paul Lorgerie
22 octobre 2020

Les épreuves du baccalauréat se sont déroulées dans une période critique pour l'enseignement au Mali. L'examen a été sauvé de justesse cette année.

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Des élèves maliens en salle de classe, munis de leur masque de protection (Archives - Bamako, 02.06.2020)
Certains candidats n'étaient pas sûrs de la tenue effective de l'examen cette annéeImage : Michele Cattani/AFP

La session 2020 du baccalauréat s'est terminée ce jeudi (22.10.2020). Après plusieurs mois de grèves et l'apparition dans le pays de la Covid-19, plus personne n'y croyait réellement. Les cours ont en effet repris le 14 septembre, après qu'un accord a été trouvé entre les militaires du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) et les syndicats d'enseignants.

Mais les examens se sont passés sans encombre, bien que certains des candidats se soient peu préparés.

Alpha Kébé, candidat au baccalauréat confirme que "cela a été un peu difficile. On a eu à faire beaucoup d'exercices, en pensant qu'il n'y aurait pas de bac. Et des cours à domicile, ce qui est difficile avec nos moyens financiers. Donc on se regroupait souvent à la maison".

Une année scolaire perturbée

Si Alpha Kébé pensait qu'il n'y aurait pas de bac, c'est parce que seulement quatre mois sur les neuf habituels ont été assurés lors de cette année 2019-2020.

Lire aussi → Au Sahel, le défi de protéger l'école contre les attaques djihadistes

De la grève des enseignants entre décembre et avril, au coup d'Etat le 18 août, en passant par les deux mois de fermeture des établissements scolaires de mars à juin à cause de la Covid-19, beaucoup pariaient sur une année blanche sans examen, à l'image d'Aboubacar Bory : "À vrai dire, l'année scolaire a été dure, très dure", témoigne le candidat.

Aboubacar Bory : "A vrai dire, l’année scolaire a été dure"

"On ne comptait même pas passer d'examen cette année. Avec les grèves, le coup d'Etat, on a vraiment eu peur qu'il ne soit pas organisé cette année", ajoute-t-il.

Cela a été un soulagement lorsque les élèves ont appris que les militaires, ayant renversé le pouvoir d'Ibrahim Boubacar Keïta, et les syndicats d'enseignants avaient trouvé un accord.

Mais il restait encore à rattraper le retard accumulé. Car si le bac a bien été déplacé du mois de juin à octobre, tous les candidats ne sont pas partis avec les mêmes chances. AInsi, pour Oumar Niaraté, élève en lycée privé, "les gens qui étudient en lycée public, ce sont les grands perdants. Dans le privé, on a le droit de travailler car on paye beaucoup d'argent pour ça. Je suis même étonné qu'il (l'examen, ndlr) ait été organisé car on nous répétait que c'était une année blanche".

Des lacunes à combler

Quand bien même ils décrocheraient le diplôme, certaines bases de la formation de ces candidats pourraient être à revoir dans le futur. C'est en tout cas ce que pense Chérif Haïdara, président du Parlement des enfants, un organe gouvernemental qui donne la voix à la jeunesse.

"Les lycées publics n'ont étudié, malheureusement, que trois à quatre mois. Au regard d'un programme qui doit être exécuté en neuf mois, je pense qu'il y a encore quelques points qu'ils n'ont pas vus, qu'il y a des lacunes, des séquelles", pense Chérif Haïdara.

Au Mali, Bamako est loin d'être la seule des villes touchées par les différents événements. Dans le centre et le nord du pays, tourmentés par les influences des groupes armés extrémistes et les conflits intercommunautaires, près de 1.200 écoles étaient fermées en mars 2020 selon l'Unicef et 300.000 enfants étaient hors du système scolaire, d'après Chérif Haïdara.