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Flambée des prix des denrées alimentaires

4 février 2011

La hausse des prix du pétrole, la production croissante de bio-carburants qui dévore d’énormes surfaces agricoles et la spéculation sur les marchés agricoles sont les principaux facteurs de la flambée actuelle.

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Rizière à Ahero au KenyaImage : AP

La flambée des prix devient un énorme défi pour les pays en développement, qui consacrent près des trois quarts de leurs revenus à l’achat d’aliments de première nécessité. Les évènements actuels dans le monde arabe ont des raisons politiques, mais aussi économiques. Et si cette montée des prix n’est pas stoppée, la situation sociale et politique dans de nombreux pays pourrait devenir une réédition plus grave que les « émeutes de la faim » de 2008 sur le continent africain.

Kamerun Vulkansee
Paysage camerounais : le lac volcanique NyosImage : picture-alliance / OKAPIA KG, Germany

De nombreux gouvernements en Afrique s’inquiètent face à cette forte montée des prix des céréales et des denrées alimentaires de base. Comme au Cameroun, par exemple, où après une forte augmentation des prix alimentaires en 2008, des manifestations et des émeutes avaient fait une centaine de morts. Aussi les autorités de Yaoundé viennent de mettre en place un organisme chargé de contrôler les prix des denrées de base importées. Le rôle de cette « Agence de régulation des approvisionnements et des denrées de base » sera d'importer et de stocker des denrées alimentaires pour les vendre à des prix plafonnés. Autre exemple : pour assurer sa sécurité alimentaire, la Tanzanie vient, elle, de lancer un ambitieux programme public-privé se chiffrant à 3,5 milliards de dollars pour créer une bande verte fertile censée sortir deux millions de personnes de la pauvreté.

Comment les pays pauvres peuvent-ils financer de tels projets ?

En Tanzanie, de grands groupes internationaux sont impliqués dans ce grand projet agricole, des géants tels qu' Unilever, Monsanto ou bien encore Coca-Cola. Si ce projet réussit, il pourrait servir de modèles à d’autres. Les banques de développement sont aussi appelées à apporter leur soutien.

Robert Zoellick / Weltbank / Washington
Robert Zoellick, président de la Banque MondialeImage : AP

Il faut noter que la Banque Mondiale a réactivé son système de financement d’urgence pour les pays pauvres. Et selon son président, Robert Zoellick, les pays en développement pourraient même accroître leurs revenus, s’ils s’investissent davantage dans la production alimentaire. La hausse rapide de la demande dans les pays émergents peut en effet être une chance pour certains pays en développement s’ils accroissent leur productivité agricole.

Les ministres de l'agriculture du G20, dont la France assure la présidence pour un an, se retrouveront en juin à Paris pour tenter de trouver des solutions à la volatilité des prix des denrées alimentaires. La présidence du G20 est décidée à combattre la flambée des prix et la spéculation sur les marchés agricoles . C'est ce qu'a annoncé le ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire.

Cependant, les efforts à entreprendre sont gigantesques. Selon la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’Agriculture et l’alimentation, le nombre de personnes touchées par la famine ou la malnutrition dans le monde atteint désormais 900 millions.

Auteur : Philippe Pognan
Edition : Ibrahim Tounkara