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Génération 2010 : les jeunes de l'Allemagne réunifiée

28 septembre 2010

20% des Allemands n'ont pas connu l'Allemagne divisée car ils sont nés après 1990. Alors, que signifie pour eux la date du 3 octobre ? Reportage à l'ouest, dans la grande ville de Cologne.

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Matteo Brossette, 17 ansImage : DW

Lorsque Matteo Brossette émerge le matin, il n'a pas une minute à perdre : sauter sous la douche, enfiler vite des vêtements et avaler en quatrième vitesse un bol de café... la cloche du lycée a généralement déjà sonné quand il passe la porte de la maison. « Heureusement que j'habite à 20 mètres de l'école, explique-t-il, le chemin est aussi long que celui de la salle des profs à la classe. » Matteo est élève au lycée Irmgardis de Cologne, dans le quartier de Bayenthal, où vivent des familles plutôt aisées.

St. Irmgardis Gymnasium Köln
Le lycée Irmgardis à CologneImage : DW

Une page d'histoire pour les élèves

Petra Linßen enseigne l'histoire. Le thème du jour est justement le passé récent de l'Allemagne. Lorsqu'elle demande à ses élèves : « Qui s'est déjà rendu à l'emplacement du Mur de Berlin ? », entre la moitié et les deux tiers répondent positivement. « Dans la partie ouest de Berlin, le mur était tout coloré, savez-vous à quoi il ressemblait à l'est ? » poursuit-elle. Un élève répond : « Il n'y avait rien du tout. » Une camarade ajoute : « On ne pouvait pas accéder au mur. » Effectivement, il était interdit de s'approcher de la barrière précédée d'un no man's land et surveillée par des miradors.

RDA, chute du Mur, réunification – ces mots, les jeunes de 17 et 18 ans les connaissent surtout d'après des films. Mais l'unité allemande est bien une réalité pour eux : « Je ne crois pas que le mur soit encore dans les têtes, affirme un élève. J'ai grandi avec l'idée que nous sommes unis. » Les autres approuvent d'un signe de tête.

Grundkurs Geschichte St. Irmgardis-Gymnasium Köln
Cours d'histoire au lycée IrmgardisImage : DW

Peu de différences

Thomas Gensicke est sociologue à l'institut TNS Infratest de Munich. Le chercheur estime que 20 ans après la réunification, la jeunesse allemande forme une population relativement homogène. Mais en y regardant de plus près, on se rend compte que ceux de l’ouest sont souvent mieux lotis financièrement. Selon une étude récemment publiée, les jeunes sont moins optimistes quant à leur avenir dans l'est du pays. Pour Thomas Gensicke, il n'y a rien d'étonnant à cela, étant donné que « le taux de chômage des jeunes y est deux fois plus élevé ».

Matteo, pour sa part, n'a pas de souci à se faire d'un point de vue matériel. L'adolescent a des ambitions scolaires : il veut décrocher son baccalauréat avec la meilleure note possible, étudier l'architecture et s'installer à Madrid, la ville de ses rêves.

Matteo und Josephine
Josephine n'échappe pas à la passion de son ami, la musiqueImage : DW

Les jeunes de l'est plus politisés

La musique est également une grande passion pour Matteo. Il s’intéresse vaguement à la politique, mais ne se définit pas pour autant comme « engagé ». Récemment, lors d’un concert d’électro-punk à Leipzig, il a remarqué que la jeunesse est-allemande était bien plus politisée : « Il y avait beaucoup de tee-shirts du style « Les raveurs contre la droite » ou « Faites l’amour, pas la guerre », raconte-t-il. Nous, on n'en porte que pendant les manifestations. Je crois que chez eux, c’est des choses qu’on met dans la vie de tous les jours ».

Josephine, une amie de Matteo, a fait le même constat – avec l’autre extrémité de l’échiquier politique. Les jeunes qu’elle a croisés affichaient clairement leur allégeance à la droite radicale : « J’étais il y a peu à Usedom, une île du nord-est. Lors d’une fête de village, les habitants se sont mis à écouter des titres de Böhze Onkelz, un ancien groupe skinhead. J’ai trouvé ça choquant. En plus, j’en voyais qui portaient des tee-shirts à l’effigie de groupes d’extrême-droite. »

Matteo und Josephine auf dem Motorroller
Pour l'instant, Matteo et Josephine pensent à s'amuserImage : DW

Les jeunes de l'ouest plus proches du « système fédéral »

L’extrême-droite reste minoritaire à l’est, rappelle Thomas Gensicke. Le chercheur note néanmoins une tendance : les jeunes y sont plus critiques envers le système politique, économique et social de la République fédérale. Alors, Josephine, prête à faire tes valises pour t’installer à l’est ? « Oui, pourquoi pas, je suis ouverte. Mais plus tard, j’aimerais bien habiter dans une grande ville. » Josephine fait figure d'exception. La plupart des jeunes de l'ouest considèrent en effet que l’ex-RFA offre de meilleures perspectives de formation et d’emploi. Un point de vue d’ailleurs partagé par leurs compatriotes de l’est.

Auteurs : Birgit Görtz, Donatien Huet
Edition : Anne Le Touzé