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Yahya Jammeh ne veut pas partir le 19 janvier !

Philippe Pognan
16 décembre 2016

"Le président Yahya Jammeh doit être prêt à céder le pouvoir en janvier, indépendamment de son recours en justice contre l'élection de l'opposant Adama Barrow." (Mohamed Ibn Chambas, représentant de l'ONU en Afrique)

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Gambia Wahlen Yahya Jammeh
Image : picture alliance/AP Photo/J. Delay

Double volte-face en Gambie. La première a été la surprise de la saison en Afrique de l’ouest, relève la Süddeutsche Zeitung : le dictateur de ce petit Etat qui avait dit un jour, qu’avec l’aide de Dieu, il resterait "un milliard d‘années" au pouvoir, avait officiellement reconnu sa défaite à la présidentielle le 1er décembre. N'ayant obtenu que 36,7 % des suffrages contre 45,5% pour son rival Adama Barrow, selon la Commission électorale, Yahya Jammeh avait déclaré alors se retirer sur ses terres et laisser la place à son successeur le 19 janvier. Personne ne s’était attendu à une telle réaction de la part d'un dirigeant dont le régime arrête les opposants et les journalistes critiques, les emprisonne et les torture !

Gambia nach Präsidentschaftswahl - Wahlsieger Adama Barrow
Le vainqueur de l'élection présidentielle gambienne avec 45,5% des suffrages: Adama BarrowImage : Reuters/A. Sotunde

Après un moment de surprise, le pays avait poussé un soupir de soulagement, les gens ont fêté dans les rues de la capitale Banjul. Les Gambiens exilés qui, par le passé avaient fui la répression et la pauvreté commençaient à planifier leur retour. Mais voilà, huit jours plus tard, seconde volte-face : Yahya Jammeh conteste les résultats, les déclare nuls et non avenus et saisit la Cour suprême !

L’Union Africaine, la CEDEAO, les présidents du Nigeria, du Ghana, du Liberia et de Sierra Leone, les Etats-Unis, rien ni personne n’a réussi à ramener le n°1 gambien à la raison, constate la Süddeutsche. Le quotidien de Munich craint que le destin du pays ne dépende maintenant de la réaction des militaires dans le pays, de leur soutien ou de leur contestation…

 

 Autre thème : le "plan Marshall pour l'Afrique "

 

Elaboré par le ministre allemand du Développement Gerd Müller, ce plan es approuvé par  certains experts, désapprouvé par d'autres.  

Ruanda Bundesentwicklungsminister Gerd Müller in Kigali
A Kigali au Rwanda, le ministre allemand du Développement Gerd Müller s'informe d'un projet de coopération technique (en août 2016) Image : picture-alliance/dpa/U. Grabowsky

 "Une erreur perpétuée depuis 50 ans est de croire que l’on puisse faire une politique de développement pour l’Afrique", peut-on lire dans la Frankfurter Allgemeine sous le titre "Pas de plan Marshall pour l’Afrique! " et :„Davantage d’argent des pays du Nord ne fait qu’appauvrir l’Afrique !“ Cette thèse apparemment paradoxale est soutenue par un groupe de scientifiques, d’experts, de diplomates et hommes de terrain." Dans un essai intitulé „Memorandum de Cologne“,  les auteurs plaident pour un changement de la politique, rapporte la FAZ. Selon ces experts, la politique de développement des pays industrialisés a entraîné des conséquences fatales: les riches et les puissants sont devenus encore plus riches. Et la plupart des pays d’Afrique ne sont pas devenus plus autonomes, plus indépendants, mais au contraire plus dépendants. De nouveaux fonds supplémentaires ne feraient que couler dans des canaux obscurs et renforcer l’émigration.

Ce qu’il faudrait, c’est renforcer les entrepreneurs locaux et étrangers qui créent des sites de production en Afrique même. Un développement du continent n’est pas possible sans industrialisation et sans une solide base de production régionale. L’accord de micro-crédits aux femmes est aussi une perspective à renforcer. Les experts ne sont pas fondamentalement opposés donc à une coopération pour le développement, mais insistent sur des règles plus strictes. Ainsi, dans des cas  grave de corruption, tout transfert de fonds devrait être suspendu pour la durée du mandat du président en place et des aides incontrôlées immédiatement gelées. 

Karikatur Korruption in Afrika von Said Michael
Les parasites de la corruption rongent l'AfriqueImage : DW/Said Michael

Par ailleurs, il serait aussi urgent, selon les auteurs, de renforcer les programmes de planification familiale pour limiter la très forte croissance démographique qui neutralise trop souvent tout progrès économique et social. 

Le développement de l’Afrique ne peut et ne doit être réalisé que par des Africains, c’est la thèse centrale de ce groupe dont l’un des auteurs a lui-même travaillé de longues années en tant que responsable de l’agence allemande du développement..."

Cette semaine aura aussi été marquée par les révélations d'un groupe de journalistes sous la conduite du journal die Tageszeitung. Des révélations sur des accords obscurs passés avec des dictateurs africains sous la bannière du "Plan Marshall". Le groupe de journalistes critique les dirigeants européens qui ont une seule obsession : empêcher à tout prix les départs de migrants vers l'Europe. Un "Plan Marshall"? Non, cela n'en est vraiment pas un!", estiment  nos confrères.