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Guinée : l'opposition rejette la transition de 39 mois

Etienne Gatanazi
2 mai 2022

La junte militaire au pouvoir en Guinée a annoncé ce week-end une période de 39 mois, soit plus de trois ans, comme délai de la transition avant de rendre le pouvoir aux civils. Cette décision a été vivement critiquée.

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Le chef de la junte Mamady Doumbouya assiste à sa cérémonie de prestation de serment en tant que président de transition à Conakry, en Guinée.
Le chef de la junte Mamady Doumbouya assiste à sa cérémonie de prestation de serment en tant que président de transition à Conakry, en Guinée. Image : Xinhua/imago images

Dès le départ, l'opposition juge ce délai trop long. Cette dernière affirme avoir été écartée des assises nationales le mois dernier et déplore le fait que les militaires gouvernent sans concertation.

Bras de fer avec la Cédéao et l'opposition

La déclaration du chronogramme de la transition en Guinée intervient cinq jours après la date fixée par la Cédéao, c'est-à-dire le 25 avril. Le gouvernement de transition a en effet expliqué qu'il refuse de se soumettre aux injonctions de l'institution sous-régionale. 

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Cinq jours avant la date butoir de la Cédéao, les autorités militaires avaient hâtivement demandé aux partis politiques de présenter leurs propositions pour la période de transition. La plupart ont refusé cette demande, estimant qu’elle était trop précipitée.

Le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, président de la transition, estime cependant que la décision sur les 39 mois a été prise après avoir consulté les forces vives de la nation. 

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Lors de son discours samedi dernier, le Lieutenant-colonel Mamady Doumbouya affirmait : "Je ne décide pas seul. J'agis avec tout le monde, c'est pourquoi il y a eu successivement les journées nationales de consultations, les assises nationales et maintenant le cadre national de concertation et de dialogue qui vient de rendre ses conclusions provisoires. Chaque Guinéen a droit à la parole".

Des décisions unilatérales ?

Mais si Mamady Doumbouya affirme avoir consulté toutes les parties prenantes, cela est infirmé par ces dernières qui affirment que les décisions importantes du pays sont prises uniquement par le gouvernement de transition et ses proches. 

Nana Akufo-Addo, le président du Ghana et président en exercice de la Cédéao avec Alassane Ouattara de la Côte d'Ivoire à Conakry le 17 septembre après une réunion avec le Lieutenant-colonel Mamady Doumbouya.
Nana Akufo-Addo, le président du Ghana et président en exercice de la Cédéao avec Alassane Ouattara de la Côte d'Ivoire à Conakry le 17 septembre après une réunion avec le Lieutenant-colonel Mamady Doumbouya. Image : John Wessels/AFP/Getty Images

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Abdoulaye Oumou Sow, porte-parole duFront national pour la défense de la Constitution, estime qu'il "n’y a pas eu de consultation parce que ceux qui sont les acteurs majeurs de ce pays n'ont pas été acceptés, ils ont coopté des personnes à leur guise et ils ont eu avec ces personnes ce qu'ils veulent comme durée de la transition."

En septembre dernier, les partis d'opposition avaient proposé une durée de quinze mois de transition. Une proposition refusée par les autorités militaires de transition. 

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Pour Fodé Baldé, porte-parole de l'Union des forces républicaines, la Guinée n'a aucune raison de fixer un chronogramme de transition aussi long : "Nous estimons que la Guinée n'est pas dans une situation aussi difficile qui puisse amener les autorités à aller au-delà d'un délai qui est recommandé par la Cédéao et dont la Guinée est signataire".

Il poursuit en disant : "Une transition ne peut pas aller au-delà de 18 mois. Et nous estimons qu'il n'y avait aucun problème en la matière, et que nous nous pouvions rapidement organiser les élections".

Jusqu'ici, la Cédéao ne s'est toujours pas prononcée sur la décision des autorités guinéennes.