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31 mai 2010

Ambassadeur d'Allemagne et entraîneur de football. Incompatible? Pas si sûr. Harald Ganns a porté cette double casquette au Togo, puis au Niger, au Cameroun et en Namibie. Il a répondu à nos questions.

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C'est au Togo qu'Harald Ganns a commencé sa carrière d'entraîneur assistant.Image : AP

Peu d'ambassadeurs ont passé autant de temps sur les terrains de foot africains qu'Harald Ganns. A partir des années soixante, à une époque où de nombreux pays font appel à des entraîneurs allemands, pas toujours francophones, c'est sa maîtrise du français qui permet à ce diplomate passionné du ballon rond de se faire une place dans l'encadrement de plusieurs équipes nationales, avec la bénédiction de sa hiérarchie.

"Il y avait un entraîneur allemand dans le premier pays d'Afrique où j'ai servi en tant que diplomate d'Allemagne. C'était au Togo. Et l'entraîneur m'avait demandé de l'accompagner au terrain tous les jours pour l'aider un peu, avec la langue surtout, parce qu'il ne commandait pas tellement bien le français. Et dans cette qualité de... d'aide d'un entraîneur si vous voulez, j'ai voyagé beaucoup en Afrique, pas seulement avec l'équipe du Togo, mais aussi avec d'autres équipes nationales. Le Niger, le Cameroun, la Namibie. Et une grande partie de mes voyages en Afrique étaient justement pour le football beaucoup plus que pour la diplomatie."

Unis autour du football

Elfenbeinküste freut sich auf die WM Drogba
Didier Drogba, un joueur qui a su rassembler la population ivoirienne autour de l'équipe nationale.Image : picture-alliance/ dpa

De son poste d'observation privilégié, Harald Ganns a pu constater le rôle capital que joue souvent le football pour les gouvernants africains.

"Presque tous les gouvernements et surtout les gouvernements qui sont un peu plus autocratiques et un peu moins démocratiques utilisent parfois le football pour leurs propres moyens, n'est-ce pas. Il y a même des présidents qui disent à l'entraineur quel joueur doit jouer et pourquoi. Et naturellement quand l'équipe nationale gagne, c'est toujours bien pour le régime. Je vous cite le cas de la Côte d'Ivoire. Pendant le temps où la Côte d'Ivoire était encore en état de... pratiquement de guerre civile, avant qu'on ne conclue l'accord de paix entre les deux parties, le nord et le sud, il y avait la qualification de l'équipe nationale de la Côte d'Ivoire pour le championnat du monde de 2006 et Drogba a joué un rôle très important là en prêchant dans son propre pays l'unité, que tout le monde doit s'associer pour faire... travailler pour la cause commune, comme l'a fait l'équipe nationale, n'est-ce pas. Alors là c'est un exemple typique que le football a vraiment une influence... qui ne peut pas être sous-estimée dans le champ de la politique aussi."

Le poids du passé

Les matchs de la Coupe du Monde en Afrique du Sud vont être suivis de près dans les capitales des six pays participants. Mais pas forcément plus que si elle avait eu lieu dans une autre partie du monde, à en croire Harald Ganns.

Fußball in Afrika
Dans tous les pays africains où il a été en poste, Harald Ganns a pu constater la place importante que prend le football dans la vie quotidienne des gens.Image : DW/ Katrin Gänsler

"Il faut pas s'imaginer que... au Nigeria, au Kenya, en Algérie, on a la même fièvre maintenant pour le commencement du tournoi en Afrique du Sud, non, ce serait exactement la même chose si c'était en France ou en Italie. Naturellement les gens sont un tout petit peu fiers que maintenant finalement ça peut avoir lieu en Afrique. Il ne faut pas oublier non plus que l'Afrique du Sud en tant que pays a toujours certaines difficultés d'être apprécié par tout le monde en Afrique parce que le passé est un passé qui est comparativement récent. Et... l'Afrique du Sud... doit faire encore énormément de pas vers les autres pays d'Afrique pour être complètement accepté comme un pays véritablement africain, ce qu'il est sans aucun doute. Mais le passé pèse toujours."

La Coupe du monde permettra peut-être à l'Afrique du Sud de faire une partie de ce chemin. Une chose est sûre, on n'a pas fini de se passionner pour le football en Afrique.

Auteur : Sébastien Martineau
Edition : Carine Debrabandère