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Hong Kong : la Chine remet la pression

Reliou Koubakin
22 mai 2020

Une loi sur la sécurité nationale présentée par Pékin et très critiquée à Hong Kong remet de l'huile sur le feu.

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China - Xi Jinping
Image : picture-alliance/AP/N. Han Guan

L’article 23 de la loi fondamentale qui sert de constitution à Hong Kong prévoit une loi interdisant "la trahison, la sécession, la sédition (et) la subversion".

La nouvelle loi sur la "sécurité nationale" présentée vendredi (22.05.20) pourrait faire redescendre les Hongkongais dans la rue.

Le nouveau texte vise en effet à empêcher les protestations qui ont tenu Hong Kong en haleine pendant des mois.

Le vote de la nouvelle proposition de loi doit avoir lieu jeudi prochain (28.05.20) en clôture de la session parlementaire.

La fin du "un pays, deux systèmes" ?

Le texte composé de sept articles entend "prévenir, stopper et sanctionner tout acte visant à diviser le pays, renverser le pouvoir, organiser et mener des activités terroristes ou tout comportement mettant gravement en danger la sécurité nationale."

Sa présentation survient un an après le début du mouvement de protestations anti-Pékin qui a secoué cette ex-colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997. Cette rétrocession garantissait le concept un pays, deux systèmes.

Selon Joshua Wong, figure du mouvement des parapluies, 8000 manifestants ont été arrêtés depuis l’été dernier. Il pense à d’autres arrestations et extraditions vers la Chine dans les jours à venir :

"Peut-être que le prochain Liu Xiaobo n’existera plus en Chine mais proviendra de Hong Kong. C’est maintenant l’ère d’un pays-un système. C’est le cauchemar auquel nous devons faire face. Nous devons nous lever contre cela. Pékin impose la loi sur la sécurité nationale pas pour la sécurité du pays mais pour celle du parti communiste."

Pour garantir l’adoption du texte au parlement chinois, Pékin a contourné le conseil législatif de Hong Kong.

En 2003, une tentative de l’exécutif hongkongais avait en effet buté sur la résistance de l’opposition et de la société civile hongkongaises.

Le président chinois Xi Jinping à l'ouverture de la session plénière du parti communiste
Le président chinois Xi Jinping à l'ouverture de la session plénière du parti communisteImage : picture-alliance/Kyodo

Une promesse non tenue

La cheffe de l’exécutif hongkongais Carrie Lam a déclaré être prête à appliquer la loi "dès que possible".

Le texte s’oppose "à toute forme d’ingérence par des forces étrangères" et prévoit la prise de mesures de rétorsions. Pékin accuse en effet des gouvernements étrangers d’avoir encouragé les manifestations pro démocratie de l’an dernier.

"Nous devons prendre des mesures vigoureuses afin de prévenir, d’empêcher et de réprimer" ces agissements a fait savoir Wang Chen, vice-président du comité permanent du parlement chinois. Pour le député Denis Kwok, c’est la fin du statut de Hong Kong :

"Le gouvernement central de Pékin a complètement manqué à sa promesse envers le peuple de Hong Kong. La promesse qui est inscrite dans l'accord sino-britannique et dans la loi fondamentale de notre ville. C'est tout ! Le statut de Hong Kong en tant que ville internationale disparaîtra très bientôt."

Selon Amnesty International, cette loi sur la sécurité est "une menace quasi-existentielle pour l’Etat de droit à Hong Kong".

Des militants ont appelé via internet à des manifestations ce dimanche (24.05.20) alors que les rassemblements de plus de huit personnes sont interdits à cause du coronavirus dans cette ville de plus de 7 millions d’habitants.