Horst Seehofer le frondeur
14 juin 2018
Rien ne va plus au sein du camp conservateur en Allemagne. Mercredi à Berlin, le ministre de l'Intérieur a boudé un sommet sur l'intégration pour s'afficher aux côtés du chancelier autrichien Sebastian Kurz.
Ce dernier a annoncé la création d'un "axe des volontaires" entre Vienne, Rome et Berlin pour combattre l'immigration clandestine.
La Süddeutsche Zeitung critique surtout le choix du mot "axe" employé par le chancelier autrichien Sebastian Kurz. Une métaphore jugée maladroite, surtout si cet "axe" implique une coopération de Berlin à Rome, car ce mot a une connotation très négative depuis 1936 - date à laquelle l'Allemagne nazie s'était alliée à l'Italie fasciste, puis au Japon.
L'"axe des volontaires" ainsi nommé par Kurz rappelle aussi celui de George W. Bush lors de l'invasion de l'Irak en 2003. En dépit de son différend avec la chancelière, le ministre de l'Intérieur ne devrait pas reprendre à son compte de telles métaphores, estime la Süddeutsche.
Même si l'Europe prête oreille aux propos de Salvini, Kurz et Seehofer, ces derniers ne devraient toutefois pas croire qu'ils ont imposé à l'Europe une politique d'anti-immigration, prévient Die Welt.
La migration est un immense problème qui requiert des réponses complexes: aux frontières, dans les sociétés, en Afrique et au sein de la structure de l'Union européenne. Tous doivent se mettre à la recherche de solutions à toutes ces questions, estime le journal.
Le Berliner Morgenpost juge pour sa part que l'Allemagne est isolée en Europe. On renvoit souvent Horst Seehofer à l'extrême-droite, mais le "masterplan" qu'il veut imposer contre l'avis d'Angela Merkel, en vue de réformer la politique d'asile, suit le courant dominant en Europe : l'Autriche pense la même chose, le gouvernement suédois agit de la même manière et les Danois l'envisagent aussi.
Angela Merkel pourra-t-elle défendre son titre ? s'interroge die tageszeitung en filant opportunément la métaphore footballistique. Le différend entre la chancelière et son ministre de l'Intérieur tourne à la lutte de pouvoir, s'inquiète le quotidien.
La taz critique par ailleurs sévèrement les ministres de l'Intérieur qui se sont succédé à Berlin avant Horst Seehofer. C'est l'Allemagne qui a imposé le règlement de Dublin selon lequel les réfugiés doivent demander l'asile dans le pays d'entrée en Union européenne.
Hans-Peter Friedrich, de la CSU bavaroise, et Thomas de Maizière, de la CDU, ont refusé à l'époque toute concession à l'Italie. Ce sont eux qui ont pavé la route des racistes et de ceux qui méprisent l'Europe.