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« Ici rien n'a changé » : un an après les violences xénophobes

Claus Stäcker / Marie-Ange Pioerron 12 mai 2009

L'Afrique du sud attire de nombreux, dont des Zimbabwéens notamment. Mais si la ségrégation raciale a disparu, les explosions de xénophobie mettent à mal les idéaux des pères de la nation arc-en-ciel.

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Mai 2008 : un camp de réfugiés étrangers attaqué à l'est de JohannesburgImage : picture-alliance/dpa

Quinze ans après la fin de l'apartheid, l'Afrique du sud fait figure de pays prospère dans la région. Elle attire donc de nombreux immigrés. Les Zimbabwéens sont les plus nombreux. Mais si la ségrégation raciale a disparu, les explosions de xénophobie mettent à mal les idéaux des pères de la nation arc-en-ciel.


La dernière explosion de violence xénophobe remonte à il y a tout juste un an. Rues dévastées, magazins pillés et incendiés, le mois de mai 2008 a été ponctué de scènes horribles. Dans un premier temps, le gouvernement a laissé faire. La chasse aux étrangers ne s'est arrêtée qu'après l'intervention de l'armée. Bilan officiel : 62 morts et 60 000 déplacés.


Un an plus tard la peur est toujours là : « Tu marches toujours sur des oeufs. J'apprends le zoulou pour ne pas me faire remarquer comme étranger. J'ai surtout peur dans les taxis collectifs », explique Khesani, un Zimbabwéen. Il vit à Alexandra, une cité noire de Johannesburg. C'est là que les attaques ont commencé il y a un an.


Fredrick, lui, habite un bidonville près de Pretoria. Ses maigres biens sont rangés dans une cabane. Mais il préfére dormir dehors, dans la brousse : « En tant que Zimbabwéen je ne me sens pas en sécurité. J'ai déjà été pourchassé et j'aimerais rentrer dans mon pays dès que la situation là-bas sera plus stable. Ici rien n'a changé ».


Les pogromes de mai 2008 sont restés pratiquement impunis. 1 400 suspects ont été arrêtés, mais presque tous ont été très libérés. Officiellement les camps de déplacés ont éte dissous, mais des milliers de personnes continuent de végéter dans des camps provisoires. Pire encore: selon plusieurs études, huit Sud-Africains sur dix sont xénophobes. Et comme chez cette femme de Johannesburg, la haine de l'étranger se nourrit de préjugés : « Ce que je déteste chez eux, c'est qu'ils tuent des innocents, dit-elle. Et ils volent. Beaucoup sont des criminels ».


Rien donc n'a vraiment changé. Et les immigrés savent que la récession économique fait d'eux une cible privilégiée des frustrations des Sud-Africains.