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Tensions entre Kigali et Bujumbura

Katrin Matthaei/ Carole Assignon28 août 2015

C’est du moins l’analyse que font les observateurs de la vie politique burundaise suite à la présentation des membres du gouvernement récemment formé par le président burundais réélu pour un troisième mandat contesté.

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Rencontre des chefs d'Etats de la Communauté de développement d'Afrique de l'Est à Dar es Salaam
Rencontre des chefs d'Etats de la Communauté de développement d'Afrique de l'Est à Dar es SalaamImage : picture-alliance/dpa/S. Duda

Au Rwanda voisin, la question d’un nouveau mandat du président Paul Kagame est également d’actualité alors même que les relations entre les deux pays sont quelque peu tendues ces temps ci. Ces derniers jours ces tensions ont atteint un nouveau point culminant quand une trentaine de Rwandais ont été arrêtés au Burundi pour des raisons peu claires. Le Rwanda a officiellement protesté contre ces arrestations et exigé des explications et la libération immédiate de ses citoyens. Depuis le coup d'Etat manqué en mai dernier puis l’assassinat en août d’Adolphe Nshimirimana, l’une des figures clef du pouvoir, le Burundi soupçonne le Rwanda de soutenir les adversaires du président Nkurunziza. S’il est vrai que de nombreux Burundais ont trouvé refuge au Rwanda, il n’y a pas encore de preuves claires concernant ces soupçons estime Gesine Ames du Réseau œcuménique de l'Afrique centrale à Berlin:

Conférence à Kampala des chefs d'Etats d'Afrique de l'est
Conférence à Kampala des chefs d'Etats d'Afrique de l'estImage : AP

" Ceci est très exagéré, il n’y a pas encore de preuves claires. Parmi les 72.000 réfugiés burundais au Rwanda, il y a des journalistes, des dissidents et des membres de l'opposition qui ont fui l’insécurité au Burundi. Mais on ne peut pas conclure que le Rwanda est un refuge de rebelles et de putschistes et qu’ils y sont tolérés."


Kigali dément

Naturellement, le Rwanda dément les allégations de son voisin. Même si elle pense que les deux pays sont encore traumatisés par l'expérience de la guerre civile et donc que les tensions ne devraient pas dégénérer en affrontements, Gesine Ames prévient tout de même que cette situation ne doit pas être sous-estimée :

Paul Kagame et Pierre Nkurunzinza lors d'une conférence de la Communauté de développement d'Afrique de l'Est
Paul Kagame et Pierre Nkurunzinza lors d'une conférence de la Communauté de développement d'Afrique de l'EstImage : Getty Images/AFP/T. Karuma

"Je pense que la Communauté de développement d'Afrique de l'Est et les bailleurs de fonds internationaux comme l'Union européenne doivent obliger les Etats à plus de coopération. Il faudrait beaucoup plus de diplomatie et de négociations pour résoudre ce conflit qui touche toute la région."

Gesine Ames note par ailleurs une scission au sein de la région entre la Tanzanie, le Burundi et le Kenya d'une part, l'Ouganda et le Rwanda de l'autre. Rwanda et Tanzanie sont notamment en froid à cause de l'est du Congo. Arusha a d'ailleurs soutenu la réélection du président Nkurunziza au Burundi, se positionnant ainsi contre le Rwanda.