1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Il y a 20 ans, le drame de Solingen

Nicolas Martin, Philippe Pognan29 mai 2013

Le 29 mai 1993, quatre jeunes incendiaient la maison de la famille Genç à Solingen, dans l'ouest de l'Allemagne. Vingt ans après ce crime xénophobe, les habitants veulent continuer à se souvenir des cinq victimes.

https://p.dw.com/p/18fpU
Le monument à la mémoire des victimes de Solingen
Le monument à la mémoire des victimes de SolingenImage : F. Vincentz

Le 29 mai 1993, quatre jeunes hommes âgés de 16 à 24 ans avaient mis le feu à la maison de la famille Genç à Solingen, dans l'ouest de l'Allemagne. Leur motif est xénophobe : les incendiaires déclarent avoir agi contre la présence d'étrangers dans leur ville. Cinq membres de la famille d'origine turque meurent dans les flammes.

Heinz Siering s'engage depuis 20 ans pour combattre la xénophobie
Heinz Siering s'engage depuis 20 ans pour combattre la xénophobieImage : DW/J. von Mirbach

Entretenir le souvenir

Depuis cette date, Heinz Siering vient régulièrement se recueillir devant le monument à la mémoire des cinq victimes de Solingen. L'assistant social est souvent accompagné de jeunes Allemands, aussi bien de souche que d'origine étrangère. Ensemble, ils nettoient et entretiennent le monument qu'il a lui-même érigé. Toute personne qui veut manifester son engagement contre le racisme et l'extrémisme est invitée à fixer un anneau avec son nom sur le monument en échange d'un don. « Je pense qu'il est nécessaire de maintenir le souvenir éveillé, comme après cet incendie, et de toujours associer les jeunes générations pour que l'on n'oublie jamais ce qui s'est passé », explique Heinz Siering.

Apprendre le respect de l'autre

Heinz Siering dirige l'atelier d'aide à la jeunesse de Solingen. Il forme les jeunes de milieux défavorisés au travail du bois et du métal. Ce sont eux d'ailleurs qui fabriquent les anneaux pour le monument. Dustin Wienroth, 17 ans, fréquente l'atelier depuis un an. Il n'apprend pas seulement le travail du métal, mais aussi des valeurs morales telles que la coopération, le respect de l'autre, la solidarité ou le courage civique :

Sur le mur de l'ancien poste de police, un tag xénophobe « Étrangers dehors »
Sur le mur de l'ancien poste de police, un tag xénophobe « Étrangers dehors »Image : Heinz Siering/1992

« Ce qui est important pour moi, c'est d'intervenir quand je vois par exemple des jeunes Allemands, des néo-nazis ou d'autres s'attaquer à des étrangers. »

Les jeunes de Solingen qui travaillent ici sont originaires des quatre coins du monde. Régulièrement, Heinz Siering discute avec eux de ce qui s'est passé ici il y a 20 ans et de ce que l'on peut faire, ce que l'on doit faire pour éviter que de tels drames ne se reproduisent.

Donner leur chance aux jeunes

Au cours des deux dernières décennies, plus de 500 jeunes de Solingen issus de milieux défavorisés ont pu trouver un emploi grâce à l'atelier de Heinz Siering. Ils sont désormais bien intégrés dans la société.

« Je suis d'avis que si on veut s'engager ici pour une cohabitation pacifique, alors on doit créer les bases sociales adéquates, des emplois pour tous ! Et surtout donner aux jeunes de toute origine des perspectives. Ceux qui travaillent ensemble et pour leur famille ne deviennent pas racistes. »

En assurant des stages de formation et des campagnes d'information, la municipalité essaie de couper l'herbe sous le pied des mouvances extrémistes.

Aujourd'hui, des platanes remplacent la maison de la famille Genç à Solingen
Aujourd'hui, des platanes remplacent la maison de la famille Genç à SolingenImage : DW/K.Jäger

Responsabilité collective

Le maire de Solingen, une ville de 160.000 habitants dont un fort pourcentage d'origine étrangère, Norbert Feith, est conscient que désormais Solingen a une responsabilité particulière et se doit de lutter contre la xénophobie : « Cela fait partie de notre histoire que nous devons accepter. C'est une tache sombre dans l'histoire de notre ville, dont nous avons tiré les conséquences, et nous continuerons de le faire aussi à l'avenir... »

La maison de la familie Genç, quant à elle, n'a pas été reconstruite, les survivants ne le souhaitaient pas. À la place, se dressent cinq platanes, un pour chaque victime.