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Intensification des combats à Sanaa

3 juin 2011

Au Yemen, les combats font rage dans la capitale Sanaa entre forces régulières fidèles au président Ali Abdallah Saleh, et groupes tribaux armés menés par le Cheik Sadik al Ahmar.

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Le ciel de Sanaa embrasé dans la nuit de jeudi à vendrediImage : dapd

Confronté à une vague de protestation pacifique sans précédent depuis son arrivée au pouvoir il y a 33 ans, le président avait brandi la menace d’une guerre civile, menace qui semble devenir maintenant réalité. Depuis le début du mouvement de contestation populaire en janvier, les troubles ont coûté la vie à au moins 370 personnes dont au moins 160 rien que ces dix derniers jours lors des affrontements armés dans Sanaa. Ali Abdallah Saleh a lui-même été blessé ce vendredi dans son palais présidentiel.

En effet, après des tirs de roquetttes contre la mosquée du palais présidentiel à Sanaa, non seulement le président Ali Abdallah Saleh, mais aussi le Premier ministre, son adjoint, le président du parlement ainsi que le Gouverneur de Sanaa, ont été blessés. En outre, selon l'agence de presse officielle yéménite, un imam et au moins trois membres de la garde présidentielle ont été tués. Le gouvernement accuse la puissante fédération tribale Hached de Sadek al Ahmar, mais celui-ci a démenti catégoriquement que ses hommes soient responsables des tirs. Ahmar a dénoncé une manipulation du président Saleh pour envenimer la situation.

Le président Saleh qui serait soigné actuellement dans un hôpital militaire, n’aurait été que légèrement blessé à la nuque, selon la télévision publique yéménite. Il devrait même s’adresser au peuple au cours des prochaines heures. Pendant ce temps, les combats continuent dans la capitale Sanaa, maintenant divisée entre le nord contrôlé par les combattants de la fédération tribale, ralliés à l’opposition et le sud encore tenu par l' armée yéménite. Les combats à l’arme lourde pour le contrôle des bâtiments gouvernementaux, ont déjà fait plusieurs dizaines de morts selon des témoins.

Jemen Protest Sicherheitskräfte
Les combats sont violents à Sanaa, la capitaleImage : AP

Si le palais présidentiel a été bombardé, l’une des résidences du chef tribal Sadek al-Ahmar a également été la cible de tirs de mortiers par les soldats loyalistes. "Le Cheikh Sadik al-Ahmar est combattu parce qu’il soutient la révolution", déclare un manifestant, "en l’ attaquant de la sorte, le régime veut nous intimider, nous faire peur. Mais cela ne fait que renforcer notre détermination..."

D’autres manifestants sont déçus par l’escalade de la violence, ils souhaitent que leur révolution reste pacifique. L’alliance d’opposition a entretemps retiré son accord au plan proposé par les Etats arabes du Golfe qui prévoyait une démission de Saleh, mais qui lui garantissait l’impunité. Saleh lui-même avait plusieurs fois refusé de signer cet accord de transition vers un gouvernement d’union nationale.

Le CCG, le Conseil de coopération du Golfe qui a négocié l'accord, a appelé vendredi à l'arrêt immédiat des combats. Le Conseil a déclaré suivre "avec préoccupation et tristesse la détérioration de la situation au Yemen, situation qui est regrettable et ne bénéficie à personne". Par ailleurs des explosions ont aussi été entendues ce vendredi dans la ville de Taëz, dans le sud du pays.  

Auteur: Philippe Pognan
Edition: Marie-Ange Pioerron