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Ingabire veut la libération des prisonniers politiques

Etienne Gatanazi
18 septembre 2018

Après huit ans passés en prison, l’opposante rwandaise Victoire Ingabire a été libérée ce week-end. Elle demande désormais la libération des autres prisonniers politiques. Interview exclusive.

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Ruanda Entlassung aus Gefängnis | Victoire Ingabire, Opposition FDU-Inkingi
Image : Reuters/J. Bizimana

DW : À l'annonce de votre libération, quel a été votre sentiment ? Est-ce que vous vous y attendiez ?

Victoire Ingabire : Non ! Je ne m’y attendais pas, ça été une grande surprise pour moi. J’ai appris la nouvelle aux informations de 23h à la radio rwandaise. J’ai été tellement surprise que je ne suis pas parvenue à fermer l’œil de la nuit.

Vous venez de passer huit ans en prison. A quoi ressemblaient vos conditions de détention ?

Les cinq premières années, c’était très difficile parce que j’étais enfermée à l’isolement où il n’y avait aucun contact avec le monde extérieur. Mais ensuite, j’ai été transférée avec les autres prisonnières et ces trois dernières années, je pouvais parler avec les autres, j’avais un contact régulier avec les autres prisonnières. 

Est-ce que la décision de vous libérer pourrait être aussi une tactique du président Paul Kagame ?

J’espère que ce n’est pas le cas car ça serait malheureux pour notre pays. Non, je reste convaincue que c’est un tout petit pas, timide, parce que vous savez qu’il y a encore neuf membres de mon parti politique qui sont en prison, plus d’autres encore. Il y a d’autres prisonniers politiques comme Mushaidi Déo, Diane Rwigara. Donc, vous voyez bien qu’il y en a d’autres qui sont en prison. Et je profite de l’occasion, comme je l’ai fait le premier jour de ma libération, pour demander au président de la République de continuer à faire des gestes semblables et d’accepter de libérer d’autres prisonniers politiques.

Est-ce que vous n’avez pas de regrets par rapport à votre passé ? Parmi les charges qui pesaient contre vous, il y avait l’idéologie génocidaire.

Non, je ne regrette pas mon passé. Je le répète, je n’ai jamais dit qu’au Rwanda qu'il y a eu un double génocide. Ce que j’ai fait c’est de réclamer qu’il y ait aussi justice pour les crimes commis contre le peuple hutu. Peut-être, ce que je regrette, c’est l’endroit où j’ai prononcé ce discours. C’est un endroit sensible pour les rescapés du génocide tutsi. Alors, là, je le regrette, et j’ai demandé pardon, et je demande pardon encore une fois à ceux qui ont été blessés par les paroles que j’ai prononcées au mauvais endroit. Mais ce que j’ai dit, c’était la vérité.