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Italie : le pari très risqué de Matteo Salvini

21 août 2019

Matteo Salvini pourrait bien regretter son excès de confiance, estiment les journaux allemands qui commentent la nouvelle crise politique en Italie.

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Regierungskrise in Italien | Matteo Salvini
Image : picture-alliance/AP Photo/G. Borgia

Le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini voulait profiter de sa popularité dans les sondages pour pousser le pays à des élections anticipées et devenir le seul maître à bord. Il a ainsi fait éclater la coalition gouvernementale. Mais finalement, il pourrait bien perdre son pari. Hier le premier ministre a démissionné et une coalition sans Salvini pourrait voir le jour.

"Matteo Salvini a plongé l'Italie dans une crise pour des raisons purement égoïstes", commente la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui rejoint ainsi l'analyse virulente du Premier ministre Guiseppe Conte qui n'a pas ménagé le leader d'extrême droite en le qualifiant d'irresponsable pour avoir voulu suivre ses propres intérêts lors de son discours devant le Parlement. Pour le journal, "celui qui veut contraindre un pays lourdement endetté à de nouvelles élections au moment de devoir voter le budget joue avec le feu", alors que "les marchés financiers ont depuis longtemps des doutes vis-à-vis de l'Italie."

"Les Italiens, a-t-on l'habitude de dire, ont un sens pour la dramaturgie", écrit la Süddeutsche Zeitung, qui revient sur "l'étonnante erreur d'analyse" et "l'excès de confiance" de Matteo Salvini.

"Les sondages et les likes sur les réseaux sociaux lui sont montés à la tête, à tel point qu'il pensait pouvoir faire ce qu'il veut. Désormais il chute sur son exubérance, rappelé à l'ordre par un Parlement pour lequel il n'avait qu'une estime limitée."

Le Premier ministre démissionnaire Giuseppe Conte a vivement critiqué la stratégie de Matteo Salvini.
Le Premier ministre démissionnaire Giuseppe Conte a vivement critiqué la stratégie de Matteo Salvini.Image : picture-alliance/AP Photo/G. Borgia

Applaudissements à Lampedusa

Pour la Süddeutsche Zeitung "Salvini s'est servi de son poste de ministre de l'Intérieur pour faire peur aux Italiens et pour ensuite se présenter comme leur sauveur. Il était peu intéressé par trouver des solutions mais uniquement par obtenir des applaudissements."

Ironie du sort, des applaudissements, on en a entendus mardi soir. Mais ils n'étaient pas pour Matteo Salvini. Au contraire, ils étaient pour un migrant africain, blessé et affaibli, au moment de descendre du navire humanitaire Open Arms pour fouler le sol européen à Lampedusa.

C'est sur décision de justice que le bateau a finalement eu le droit de faire débarquer les dizaines de migrants secourus en Méditerranée. Il aura fallu attendre 19 jours.

L'Open Arms a été mis sous séquestre par la justice italienne dans le cadre d'une enquête contre X.
L'Open Arms a été mis sous séquestre par la justice italienne dans le cadre d'une enquête contre X.Image : picture-alliance/dpa/AP/S. Cavalli

Mais désormais, le navire ne peut plus repartir sauver des vies en mer puisque la justice italienne a également décidé de l'immobiliser dans le cadre d'une enquête contre X pour séquestration.

Matteo Salvini a aussitôt saisi la balle au bond pour affirmer que c'est lui qui était visé par cette enquête, qu'il s'agissait d'une intimidation politique et qu'il est, toujours en sauveur, bien décidé à continuer à "défendre les frontières du pays".

Le Groenland, un cas d'école du monde selon Trump

La presse allemande commente également l'incident diplomatique entre les Etats-Unis et le Danemark à propos du Groenland. Donald Trump s'est en effet illustré en affirmant être intéressé par un rachat du territoire.

Le Danemark lui a signifié qu'il en était hors de question. Le président américain a du coup annulé sa visite officielle à Copenhague.

Pour le Spiegel Online, "nous sommes en train de perdre la bataille de la raison. Que ce soient des enfants migrants dans des cages ou maintenant le Groenland : Trump continue dans ses surenchères jusqu'à ce que nous ne parvenions plus à vaincre la masse de monstruosités."

Le Groenland compte environ 56.000 habitants.
Le Groenland compte environ 56.000 habitants.Image : Reuters/L. Jackson

Selon le site de l'hebdomadaire, "le bombardement permanent d'informations contribue à rendre le contexte moins important. La question essentielle, et à laquelle il est souvent difficile de répondre, c'est à dire la question du 'pourquoi', est reléguée au second plan."

Ainsi, en 24 heures, Donald Trump a ainsi réussi à annuler sa visite au Danemark parce que Copenhague ne veut pas vendre le Groenland aux Etats-Unis, il a qualifié les juifs qui votent pour le parti démocrate de "déloyal" et a tweeté que les juifs de l'Etat hébreu le voyaient comme le Roi d'Israël.

Symbolbild I Journalismus
Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais