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ITER implanté à Cadarache

Yann Durand29 juin 2005

Après deux ans de négociation, l’Union Européenne a obtenu hier l’implantation à Cadarache, dans le sud de la france, du réacteur expérimental de fusion nucléaire ITER au prix de lourdes concessions au Japon qui proposait un site concurrent. Le projet, véritable gouffre financier, dont les détracteurs ravivent le débat sur l’écologie, ne devrait aboutir que dans une cinquantaine d’années. La presse allemande est très controversée sur le sujet.

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Cadarache
CadaracheImage : AP/CEN

La décision de construire Iter en France est un des investissements les plus importants pour notre avenir, se réjouit le quotidien Die Welt. Cette technologie a le potentiel de pallier la misère énergétique qui menace l’humanité, que ce soit dans les pays industrialisés ou en développement. Principalement en Allemagne, des voix s’élèvent, qui critiquent une dépense inutile. Certes, il n’est pas garanti qu’une centrale à fusion contrôlée puisse un jour fonctionner, avoue le journal, mais, ajoute-t-il, nous devons essayer. C’est presque notre seule chance.

Même son de cloche de la tout aussi conservatrice Frankfurter Allgemeine Zeitung, selon laquelle aucune source d’énergie connue n’est aussi prometteuse. Les technologies solaires et éoliennes sont assujetties à des critères climatiques et géographiques et ne sont en outre pas très rentables. Il faut les développer là où elles le sont, concède le quotidien, mais malgré tout ça n’ira pas très loin. Les énergies fossiles sont notoirement polluantes; le nucléaire classique s’il est très rentable pose cependant le problème des déchets radioactifs et d’accidents lourds de conséquences. Mais la fusion contrôlée, elle, est inépuisable, ne produit pas de gaz carbonique et ne peut exploser. En outre la radioactivité est minime. Cela suffira cependant à ses détracteurs pour la diaboliser.

Effectivement la Frankfurter Rundschau, journal de gauche rappelle que la technologie mise en oeuvre à Cadarache produira des déchets faiblement radioactifs, certes, mais en grosse quantité nécessitant de les emmagasiner. Et la radioactivité du tritium, utilisé pour l’allumage, traverse même les parois d’acier pour facilement se loger dans le corps humain. Or, constate le journal on dispose de peu d’expérience pratique dans ce domaine.

À cela s’ajoute le côté financier qu’aborde la Tageszeitung de Berlin, en mentionnant que 10 milliards d’euros seront nécessaires pour mener le projet à bien. Plus que l’investissement mondial consacré aux énergies durables. Et de conclure : "dommage pour le climat".

Et tant mieux pour le Japon qui, selon la libérale Süddeutsche Zeitung, est le grand gagnant. Tandis que la France et l’union européenne paieront la moitié des frais de construction, soit 4,6 milliards d’euros, Tokyo n’y participera qu’à hauteur de 10 % et, entre autres avantages, est assuré que 20 % des contrats industriels, des chercheurs et le poste de directeur général d’ITER lui reviendra.