Jeux d'argent
22 août 2008Pour autant, certaines Unes, dont celle de la Süddeutsche Zeitung, ouvrent avec l'empennage calciné de l'avion de la Spanair qui s'est écrasé à Madrid, faisant plus de 150 morts dont 5 Allemands. Mais le quotidien de Munich revient aussi sur la reprise du géant des pneumatiques Continental par le groupe Schaeffler, une entreprise familiale jusqu'ici très discrète. Un exemple parfait de la difficulté qu'éprouve l'Allemagne pour adapter ses cultures d'entreprises d'hier aux règles des marchés capitalistes d'aujourd'hui.
David s'est approché de Goliath à pas de loup et l'emporte, lance die Welt. Même les plus retors des experts des marchés des capitaux n'ont rien vu venir. Et ce n'est pas en renforçant la législation contre les investisseurs étrangers qu'on évitera ce genre de manœuvres. Ce qui renvoit à la reprise de la banque allemande IKB par le fonds américain d'investissements Lone Star. Un scandale pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Ce sauvetage, pour ne pas dire ce bradage, coûtera la bagatelle de 10 milliards d'euros au contribuable allemand et ce, pour une banque que l'investisseur reçoit en outre sans le moindre risque ou presque.
Le scandale est ailleurs pour la Frankfurter Rundschau. La crise est partout et partout on sauve, on étatise et on dépèce. L'espoir d'améliorer le capitalisme en plaçant tout sous le dictat des marchés financiers s'est avéré être une illusion coûteuse. Il est grand temps de mettre en place une nouvelle architecture financière qui maîtrise les jeux spéculatifs du capitalisme.
Les jeux, vidéos cette fois, sont en première page de la Tageszeitung avec un soldat futuriste très martial sortant de l'image pour pénétrer dans un salon aux papiers-peints fleuris. A leurs débuts, toutes les nouvelles formes artistiques populaires ont été suspectés des pires défauts. Des romans au XIXe siècle au cinéma, en passant par le rock et la BD. L'entrée des fabricants de jeux vidéos au Haut-conseil Culturel Allemand semble accorder à cette forme artistique une certaine légitimité. Mais cette décision est moins culturelle qu'économique. En effet, ce qui fait vivre scénaristes, compositeurs, dessinateurs et autres graphistes ne peut être qu'un bien culturel n'est-ce pas ? Où cela va-t-il mener? On le verra lorsque le prochain adolescent perdra la tête et abattra professeurs et camarades de classe. Et lorsqu'on chargera sur son ordinateur un jeu de tir pour son ego.