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Juliette Nijimbéré, activiste burundaise 2.0

Jean Claude Abalo
3 octobre 2017

Des milliers de kilomètres sépare Juliette Nijimbéré du Burundi mais grâce aux moyens de communication modernes, la jeune femme réussit à faire entendre son opposition au régime de Bujumbura, au-delà des frontières.

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Burundi - Aktivistin Juliette Nijimbéré
Image : DW/J-Cl. Abalo

La politique, un monde fait par et pour les hommes ? Juliette Nijimbéré est là pour vous démontrer le contraire ! Cela fait 24 ans que cette activiste burundaise vit en exil en Belgique. Et c'est de là-bas qu'elle assiste à la crise politique qui secoue son pays depuis avril 2015, depuis l'annonce de la candidature à un troisième mandat par le président sortant, Pierre Nkurunziza. 

"J'ai vu pas mal d'images de cadavres et je me suis engagée à défendre les droits à la vie des Burundais," explique la jeune femme. "Si personne ne parle, c'est comme cela que nous allons vivre comme des chiens ; et moi je n'ai pas envie de vivre comme un chien."

L'armée de l'ombre

A 52 ans, cette diplômée en management d'entreprise option assurances et employée dans une institution financière à Bruxelles n'a pas la langue dans sa poche. Et pour le faire savoir au régime du Président Nkurunziza, la petite dame aux cheveux grisonnants s'entoure d'une dizaine de bénévoles anonymes.

Ces apprentis journalistes produisent des chroniques hebdomadaires intitulés : "Le cri du cœur des parents épris de paix et de sécurité au Burundi". Les sujets diffusés via les réseaux sociaux et sur une radio en ligne basée hors du Burundi connaissent un franc succès, se réjouit l'infatigable Juliette.

"Un jour, un jeune m'a contacté et il m'a dit : savez-vous que vos messages sont très écoutés ? – Je dis : Mais, pourquoi ? Un jour le message est arrivé. Ce jour-là tous les policiers qui étaient dans les alentours, je les attendais s'appeler et dire : Venez vite ! Le message est arrivé ! Tout le monde s'est mis autour d'un smartphone d'un policier et tout le monde a écouté. Quand ce jeune m'a rapporté cela, je me suis dite que nous devions continuer ce travail."

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Inquiétudes familiales

Même si cette ancienne professeur de chimie et agriculture dit ne pas craindre pour sa vie, elle se sent quand même espionnée. Sa famille, elle, est inquiète. "Comme on est ici en Belgique, je sais qu'il y a quand même un minimum de sécurité;" dit son mari, Gaspard. "Mais c'est quand même un peu inquiétant quand elle se déplace, je me dis que tout peut t'arriver. On ne sait jamais."

Fred, le benjamin de la fratrie de cinq enfants ne cache pas non plus sa peur : "ça nous inquiète tous. Avec tout ce qu'on entend, tout ce  qu'on voit dans les médias, on peut s'inquiéter pour elle. Et même parfois, on lui dit simplement pour rigoler : tu vas tous nous nous tuer avec ce que tu fais!"

La lutte continue

Malgré ses craintes et ses moyens d'action limités pour mieux investiguer surplace au Burundi, cette fille d'agriculteurs n'a pas l'intention d'arrêter en si bon chemin. Au contraire. Juliette garde plutôt espoir et rêve : "S'il y avait un grand donateur qui me donnerait des smartphones, pour tout le peuple Burundais, juste pour écouter les messages de vendredi, ça me ferait plaisir et ça ferait avancer pas mal de choses au Burundi."