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KADHAFI S'ASSAGIT

Christophe LASCOMBES23 décembre 2003
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Pour la Berliner Zeitung, prétendre comme le font certains que la décision du chef de l'état libyen est une des conséquences de la guerre en Irak est absurde. Le fondement de cette décision a été posé en 1999 déjà, bien longtemps avant que "Bush le guerrier" n'occupe la Maison Blanche. C'est en effet à cette époque que Tripoli a commencé à reconnaître ses responsabilités dans les actions terroristes du passé. Londres avait alors récompensé cette politique par la reprise des relations diplomatiques. Apparemment, le colonel Kadhafi a compris à cette occasion que terrorisme et armes de destruction massive ne lui apportaient rien d'autre qu'ostracisme international et ruine économique. Dans le même sens, la Frankfurter Allgemeine Zeitung qualifie le colonel Kadhafi de Protée arabe. Il s'agit là apparemment de la dernière volte-face dans une vie politique marquée par de nombreux changements de caps. Muammar Kadhafi, guide de la révolution libyenne renonce désormais à la fabrication d'armes de destruction massive et se rapproche, à grandes enjambées de bottes de sept lieues, de l'Occident, l'ennemi juré d'autrefois. Selon le journal, certaines mauvaises langues n'ont peut-être pas tellement tort lorsqu'elles affirment que le rêve secret du bouillant colonel serait d'être reçu un jour en grande pompe à la Maison Blanche, un rêve qui pourrait devenir réalité affirme le journal. La Frankfurter Rundschau, elle, est plus critique. Sous le titre : le jeu de poker de Kadhafi, le journal estime que le chef de l'état libyen a toujours été un frimeur. S'il avoue sans y être obligé l'existence d'un projet nucléaire interdit, c'est qu'il espère en tirer quelque chose. Depuis que le "Fils du Désert" a cessé de partir en guerre contre l'impérialisme à la fin des années 80, les USA eux-mêmes le considèrent comme inoffensif, la Libye n'a même pas été classée dans la liste des "états voyous" de George Bush junior. Pour notre confrère, la fin de l'embargo commercial édicté par les Etats-Unis en 1981 rend service aux trois larrons de l'histoire : Blair et Bush, qui ont un besoin urgent de victoires contre le terrorisme international et Kadhafi, à qui il ne coûte rien de renoncer à un arsenal fictif. Et un beau bluff, voilà qui est parfait pour présenter au monde un "nouveau Kadhafi".