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L'Église dans le piège du narcissisme

Sébastien Martineau10 janvier 2013

Les journaux s'interrogent sur les conséquences de la décision des évêques allemands de stopper leur collaboration avec l'institut KFN, qui enquêtait sur les cas de violence sexuelle au sein de l'Église catholique.

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Image : picture alliance/dpa

Difficile de dire qui est responsable de l'échec de cette enquête, estime la Frankfurter Allgemeine Zeitung. L'Association des diocèses allemands et l'Institut d'études criminologiques de Basse-Saxe KFN se rejettent la faute. Ce qui est clair, c'est qui va être le perdant à la fin de cette polémique : l'Église, elle qui abrite dans ses rangs non seulement les auteurs des faits, mais aussi tous ceux qui ont contribué à dissimuler la vérité. L'institution aurait dû savoir qu'en confiant l'enquête à des spécialistes, elle perdrait le contrôle sur l'interprétation des faits.

Die tageszeitung affirme de son côté que si les ministères de la Justice des différents Länder allemands avaient un peu de courage, ils enverraient des équipes d'enquêteurs dès maintenant. Ces derniers devraient mettre la main sur les dossiers personnels de tous les prêtres qui se sont rendus coupables de violence sexuelle sur des enfants. La justice devrait faire cela, pour empêcher l'Église de réaliser son projet : c'est-à-dire faire obstacle à toute poursuite pénale.Confisquer des documents ecclésiastiques, ce n'est pas tenter de mener un combat culturel contre le catholicisme, non, c'est la conséquence logique du comportement de l'Église. Nous savons depuis longtemps qu'il y a des criminels pédophiles dans ses rangs, mais nous voulons désormais savoir combien ils sont et comment ils sont sermonnés, mutés ailleurs, mais jamais sanctionnés.

Lors d'un procès impliquant un prêtre catholique, à Braunschweig, en janvier 2011
Lors d'un procès impliquant un prêtre catholique, à Braunschweig, en janvier 2011Image : picture-alliance/dpa

La Süddeutsche Zeitung rappelle la légende de Narcisse, qui tomba amoureux de son propre reflet. Et l'Église catholique se trouve dans ce piège du narcissisme. À la différence de Narcisse, toutefois, elle a appris au cours des trois dernières années que son visage a aussi des rides, des tâches et des blessures.

Pour surmonter ce narcissisme, il faut qu'un regard extérieur soit possible. Ce regard venu de l'extérieur ne pourra pas purifier l'Église. Au contraire, il va accentuer la prise de conscience de ses failles et de ses facettes obscures. Mais ce n'est que lorsque l'Église aura accepté l'existence de ces failles, qu'elle pourra arrêter d'observer l'image que lui renvoi le miroir, pour tourner son regard vers les victimes, et vers tous ces gens pour qui cette institution doit redevenir digne de confiance.