La Belgique déchirée par une nouvelle crise
28 avril 2010Le Premier ministre belge Yves Leterme a déclaré mercredi que des élections anticipées étaient maintenant inévitables. Un nouvel échec pour le pays, divisé depuis des années par les tensions entre deux principales communautés linguistiques : les Wallons, francophones, et les Flamands, néerlandophones.
Les Belges ont un problème à la fois nouveau et ancien, affirme die Welt. Ce qui est nouveau, c'est que le pays doit trouver un accord sur la circonscription qui englobe Bruxelles et sa région: alors qu'on parle flamand dans les environs – ce qui se reflète dans le style de vie, la religion et les préférences politiques – la capitale, elle, est bilingue, on y parle flamand et français. On ne peut donc pas changer le dessin des circonscriptions sans conséquences sur les résultats électoraux et c'est ce qui a causé l'échec de la coalition. Mais le problème a des racines plus anciennes, car depuis toujours, les Flamands se sont sentis en retard par rapport aux Wallons sur le plan économique et social. Jusqu'à ce que la crise de l'industrie du charbon et du métal inverse l'équilibre de la productivité, de la richesse et du pouvoir.
Selon la logique des partis flamands, des élections anticipées doivent enfin déboucher sur une coalition stable et préparer le terrain pour résoudre le problème entre les deux groupes linguistiques, écrit la Tageszeitung. Un optimisme qui n'est pas vraiment fondé, car tout nouveau gouvernement devra s'appuyer sur les deux communautés. Cette nouvelle crise n'a pas sonné la fin de la Belgique. Mais elle montre que la culture du compromis a presque disparu entre les Flamands et Wallons.
La Süddeutsche Zeitung revient de son côté sur l'empoignade qui a eu lieu hier au parlement ukrainien, lorsque les députés ont voté en faveur d'un accord sur le maintien de la flotte russe dans le port de Sébastopol sur la Mer Noire. L'opposition ainsi que des milliers d'Ukrainiens ne sont pas favorables à l'échange mis en place par le nouveau gouvernement : les navires russes ont le droit de rester et en contrepartie l'industrie ukrainienne reçoit une remise sur les livraisons de gaz dont elle a tant besoin. Beaucoup reprochent au président Ianoukovitch de faire accroitre la dépendance de Kiev envers Moscou. Mais en réalité, cet accord donne plus de liberté d'action à l'Ukraine. Car le stationnement de trois douzaines de navires vétustes n'a aucune importance sur le plan militaire. De plus, Moscou ne pourra plus faire pression avec le prix du gaz.
Auteur : Aude Gensbittel
Edition : Sandrine Blanchard