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La chaise restée vide du Nobel de la paix

10 décembre 2010

Le prix a été attribué vendredi au dissident chinois Liu Xiaobo qui purge une peine de onze ans de prison et n'a pas été autorisé à se rendre à Oslo. La Chine a incité les autres pays à boycotter la cérémonie.

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La seconde chaise en partant de la gauche restera vide aujourd'hui : celle de Liu Xiaobo
La seconde chaise en partant de la gauche était celle de Liu XiaoboImage : AP

Pékin considère l'attribution du Prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo comme une ingérence. Cela s'est traduit ces dernières semaines par une intense activité diplomatique où la Chine s'est efforcée de convaincre une majorité d'états de ne pas se rendre à la remise de ce prix. Finalement, seulement 19 états sur 65 invités ont cédé aux pressions, dont la Russie et tous les Etats arabes. Pékin est très fâché et cela s'exprime dans un éditorial du Global Times qui est pour ainsi dire le tabloïd officiel du gouvernement chinois.

Le Global Times parle de « farce » du comité Nobel qu'il compare à « une secte ». Le journal poursuit en écrivant que « la renaissance chinoise est indiscutable (...) Mais la Chine est incompréhensible pour certains Occidentaux ». Pékin, qui a le sentiment de perdre la face, défie donc les valeurs du Nobel. Tandis que la plupart des médias occidentaux sont aujourd'hui censurés en Chine.

L'ancien professeur de littérature, ici en photo avec sa femme, a commencé sa carrière de dissident après la répression de Tiananmen
L'ancien professeur de littérature a commencé sa carrière de dissident après la répression de TiananmenImage : AP

Précédent de l'Allemagne nazie

Est-ce que ce prix Nobel peut assouplir la position de Pékin vis-à-vis de Liu Xiaobo et sa femme ? Pour l'instant il semble que ce soit le contraire. Les autorités chinoises ont déjà fait payer très cher au dissident le fait qu'il ait diffusé il y a deux ans la Charte 08, un document qui réclame l'instauration de la démocratie en Chine. Rien n'indique que ce Prix Nobel puisse infléchir la politique suivie par Pékin. La femme de Liu Xiaobo n’a pas pu lui rendre visite depuis le 7 septembre et elle a pu témoigner que si son moral était bon, sa santé était néanmoins dégradée.

Un précédent en la matière n’est pas porteur d’espoir puisqu’il s’agit d’un opposant au régime nazi qui n’avait pas pu se rendre lui non plus à Oslo. Une référence évoquée par Jelena Bonner, la femme d’Andrei Sakharov, décédé en 1989 et lui-même Prix Nobel de la paix en 1975 : « Ceci me rappelle l’année 1936, lorsque le célèbre journaliste et opposant à Hitler, Karl von Ossietzky, n’a pas pu recevoir son prix Nobel à cause de l’interdiction de l’Allemagne nazie. »

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Mireille Dronne

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