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La coalition se trompe de cible

8 avril 2011

Le rôle de l'Otan est de plus en plus critiqué depuis que des avions de l'alliance ont bombardé un convoi appartenant à l’armée insurgée. Les combats sont bloqués sur une ligne de front proche de Brega, à l'est du pays.

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Explosion d'un missile lors de l'attaque par erreur du convoi rebelle par les avions de l'OTAN
Explosion d'un missile lors de l'attaque par erreur du convoi rebelle par les avions de l'OTANImage : AP

L'Otan a refusé de s'excuser pour cette erreur, la deuxième en une semaine puisque samedi dernier, un bombardement avait déjà causé la mort de 13 rebelles. Hier, les avions de l'OTAN ont pris pour cible un convoi d'une vingtaine de chars qui se dirigeait vers Brega. Quatre rebelles ont été tués et un nombre indéterminé de chars détruits. C'est d'autant plus regrettable que cette colonne de chars s'apprêtait à lancer une contre-offensive sur la ville de Brega qui a été reprise par l'armée fidèle à Kadhafi. « Nos chars ont été attaqués par les avions de l'OTAN. Les présidents français et américains, Sarkozy et Obama, devraient venir voir ici. Regardez ce que l'OTAN a fait! », a déclaré un combattant rebelle qui a assisté à l'attaque.

Conflit enlisé

Des rebelles se positionnent autour de la ville de Brega reprise par l'armée libyenne
Des rebelles se positionnent autour de la ville de Brega reprise par l'armée libyenneImage : picture alliance/dpa

Cette erreur arrive au plus mal car l'OTAN est critiqué depuis qu'elle a pris le relais du commandement aux Américains. Le général Abdoul Fattah Younès, le commandant en chef des forces rebelles, accuse l'OTAN de ne pas conduire suffisamment d'attaques contre les positions de l'armée libyenne. L'OTAN réfute ces accusations mais les milieux diplomatiques admettent qu'il y a un risque d'enlisement du conflit. En effet, Kadhafi positionne ses forces dans des zones urbaines où elles ne peuvent plus être touchées par les attaques aériennes. Mardi, les appareils français ont conduit 30 sorties mais n'ont réalisé qu'une seule frappe. A chaque fois les alliés préfèrent ne pas frapper pour éviter les victimes civiles.

A Washington, le général américain Carter Ham, qui dirigeait l'opération en Libye avant d'en confier la charge à l'OTAN, a estimé que le risque d'enlisement était réel. Face à cela, le contre-amiral Russel Harding, qui dirige l'opération de l'OTAN, a fait preuve pour sa part d'un vrai sens de la litote en déclarant que le conflit ne s'enlisait pas. « La situation est mouvante », a-t-il déclaré, « mais mouvante dans une zone réduite ». Cette zone est en effet une ligne d'à peine 80 kilomètres entre Brega et Ajdabiya.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Philippe Pognan