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La Corée du Nord change de ton

Rémy Mallet
17 mai 2018

Les journaux allemands commentent le coup d’arrêt dans l’attitude d’ouverture présentée ces dernières semaines par Kim Jong Un après la menace de Pyongyang de ne pas participer au sommet prévu avec Washington le 12 juin.

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Korea-Gipfel 2018
Image : Reuters

"Si les Etats-Unis tentent de nous mettre au pied du mur pour nous forcer à un renoncement nucléaire unilatéral, nous ne serons plus intéressés par un tel dialogue" : c’est la menace proférée mercredi par le chef de la diplomatie nord-coréenne.  

Que cache ce revirement ? Une question difficile à répondre de l’extérieur, pense la Frankfurter Rundschau. Le journal estime toutefois que le dirigeant nord-coréen fait tout pour se présenter comme celui qui détient les clés des négociations. 
 

"Sa rhétorique a déjà conduit à plus de délicatesse de la part de son homologue américain. Mais pas uniquement. En consentant à rencontrer le dirigeant nord-coréen, Donald Trump l’a ainsi placé à son niveau", poursuit le journal, qui conclut : "Finalement, Kim Jong Un n’a rien à perdre si le sommet avec les Etats-Unis ne se tenait pas. Ce serait plutôt un coup dur pour Donald Trump qui ne pourra pas se vanter d’avoir fait avancer les choses dans ce dossier."     

La Tageszeitung, de son côté, voit dans le changement de ton nord-coréen quelque chose de calculé. Ce serait très improbable que Kim Jong Un renonce au sommet du 12 juin prévu à Singapour, estime pourtant le journal berlinois. Le quotidien de la capitale souligne, par ailleurs, que Kim Jong Un est à la poursuite d’un rêve, celui de son grand-père Kim Il Sung, fondateur de la Corée du Nord. Un rêve qui est de négocier sur un même pied d’égalité avec les Etats-Unis. Il ne va donc pas se priver d'un tel honneur. 

Mais le dirigeant nord-coréen a changé son fusil d’épaule, c’est justement parce que tout signe de faiblesse pourrait susciter des doutes sur son régime qui, jusqu’ici, est entretenu par la force, analyse pour sa part la Rhein-Zeitung. Le quotidien de Koblenz fait remarquer que l’espoir d’une solution diplomatique sera anéanti si les Etats-Unis et leurs alliés sud-coréens continuent leurs exercices militaires. 

UN Generalversammlung in New York | Donald Trump & Moon Jae In
La Corée du Nord proteste contre un entraînement militaire en cours entre Séoul et Washington dans la péninsule, qui implique une centaine d'avions des deux pays. Image : picture-alliance/AP Photos/E. Vucci

La Corée du Nord est loin d’avoir capitulé, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Si Kim Jong Un adopte cette nouvelle attitude, c’est justement parce qu’il a en tête le destin tragique des dirigeants libyens et irakiens. "Il ne va certainement pas vite abandonner sa bombe, qui est aussi son assurance-vie, à la faveur d’un texte qui sera conclu avec un président qui se délie facilement des accords", écrit le journal de Francfort pour conclure sur ce thème. 

 

Frictions entre l'Europe et les Etats-Unis 

Les relations entre les Etats-Unis et l’Union européenne sont tendues en raison de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien, remis en cause par Donald Trump qui a préféré s’en retirer le 8 mai dernier. 

Le président américain a aussi exigé de ses partenaires européens, signataires de l’accord, de mettre fin à leur commerce avec Téhéran. Malgré les condamnations de Berlin, Paris ou Londres, la Tageszeitung craint que cela n'aille pas plus loin. En témoigne le scandale des écoutes téléphoniques de la chancelière allemande par les services secrets américains. "Et si les choses venaient à se corser dans le dossier iranien, l’Europe ne pourra pas parler d’une seule voix", écrit le journal. 

Vu le commerce énorme que les entreprises européennes entretiennent avec les Etats-Unis, l'Europe va devoir payer cher son maintien dans l’accord sur le nucléaire iranien, conclut Focus Online.