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La santé des chefs d'Etat, un secret bien gardé

26 août 2019

Le président gabonais est-il encore apte à gouverner malgré l'AVC dont il a été victime l'an dernier ? Une question délicate sur laquelle la Cour d'appel de Libreville doit se pencher ce lundi

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Gabuns Präsident Ali Bongo
Image : Reuters/M. Hutchings

"J'exige la transparence sur la capacité du président de la République de mon pays à exercer ses fonctions" (Jean Gaspard Ntoutoume Ayi)

L'exigence de transparence du collectif "Appel à agir" s'est pour le moment heurtée à un mur. Le pouvoir gabonais refuse d'en dire plus sur l'état de santé du président Bongo. Une situation qui en rappelle beaucoup d'autres : une véritable opacité entoure ce sujet sur le continent. 

Qu'il s'agisse d'Ibrahim Boubacar Keita, Paul Biya, Idriss Déby Itno ou Alassane Ouattara : aucun d'entre eux ne communique un certificat médical en cas d'ennuis de santé. Laissant ainsi la voie libre aux rumeurs. Comme par exemple avec Paul Biya : le président camerounais a en effet plusieurs fois été donné pour mort. L’on se rappelle aussi de l’opacité qui a entouré l’état de santé du président du Nigeria. En 2017, Muhammadu Buhari, âgé de 76 ans avait été hospitalisé pendant sept semaines à Londres au Royaume-Uni pour raisons médicales. Les rumeurs les plus folles ont fait état de son décès, comme ce fut le cas pour son prédécesseur Umaru Yar'Adua decedé en Arabie saoudite fin 2009.

Une situation qui irrite Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, membre fondateur du collectif « Appel à agir » et commissaire en charge du budget à l'Union nationale, un parti d'opposition au Gabon : "Si en tant  que Gabonais, j'exige la transparence sur la capacité du président de la République de mon pays à exercer ses fonctions, je suis partisan de ce qu'il en soit ainsi pour tous les autres pays. Pour preuve, les Algériens l'ont exigé et ont fini par l'obtenir. Cette situation ne peut pas être acceptable et accepté par un citoyen d'un pays quel qu'il soit."

Constitution incomplète ? 

Louis Keumayou : "il est important qu'on rassure les populations"

En réponse aux exigences du collectif  "Appel à agir", Libreville affirme que la constitution gabonaise n'oblige pas le président Ali Bongo à se soumettre à une expertise médicale devant prouver son aptitude à diriger le pays. Une fausse excuse selon l'analyste politique camerounais Louis Keumayou : "Il y a beaucoup de choses que la Constitution ne dit pas. La Constitution n'est pas un document figé dans le temps. Et donc, de ce point de vue, je ne pense pas qu'il serait saugrenue aujourd'hui de se poser la question et d'avoir une réponse objective sur les facultés du président gabonais actuel à diriger son pays ou pas. Il est important qu'on rassure les populations et de ce point de vue, le contrôle et les examens des personnes qui dirigent les Etats ne seraient pas une mauvaise idée."

Bundespräsident Steinmeier überreicht Entlassungsurkunde
La chancelière allemande (à gauche) prise d'une crise de tremblements en juin dernierImage : picture-alliance/dpa/K. Nietfeld

Laurent Monty Etoughe: "les dirigeants doivent rassurer leurs électeurs"

Rappelons que, gravement malade, l'ancien président tunisien Habib Bourguiba avait ainsi été destitué de ses fonctions pour sénilité, en 1987. Puis remplacé par celui qui était son Premier ministre, Zine el-Abidine Ben Ali. En Allemagne, les tremblements dont a été victime, à plusieurs reprises, la chancelière Angela Merkel ont suscité de nombreuses inquiétudes au sein de l'opinion. Plusieurs journaux estiment en effet que son état de santé est désormais un enjeu politique.

 

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona