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L’avenir de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé à la Haye

22 juin 2020

La Cour pénale internationale va réexaminer jusqu'à mercredi l’appel déposé en 2019 par la procureure Fatou Bensouda. Celle-ci réclame un nouveau procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé acquittés en janvier 2019.

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Bildkombo | Charles Ble Goude und Laurent Gbagbo

Au-delà du destin de ces deux hommes, c’est aussi la réputation de la CPI qui pourrait être en jeu.

En effet, la procureure Fatou Bensouda a interjeté appel en septembre 2019 contre l’acquittement prononcé en janvier de la même année contre Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé.

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Selon l’accusation, la chambre de première instance a commis des erreurs de droit qui ont eu pour conséquence l’acquittement  des deux hommes.

Issiaka Diaby : "Les victimes soutiennent les arguments de la procureure"

Issiaka Diaby, le président du Collectif des victimes en Côte d'Ivoire (CVCI), soutient la procédure en cours.

"Les victimes en Côte d'Ivoire refusent d’être les victimes de cette erreur de jugement. C’est pourquoi elles soutiennent les arguments soulevés par la procureure et l’avocat des victimes. Depuis près de deux décennies, des crimes ont été commis en masse en Côte d'Ivoire. Il n’y a jamais eu d’actions d’envergure pour mettre fin à cette situation. Les élections arrivent. Si les auteurs de crimes ne sont pas inquiétés en Côte d'Ivoire, il est sûr que nous allons tomber dans des cycles de violence. C’est ce que nous redoutons fort", affirme-t-il.

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Deux issues possibles

A l’issue des trois jours de procès, deux options s’offrent aux juges. La chambre d’appel peut  donner raison à la procureure Fatou Bensouda et il y aura un nouveau procès. Ou l’acquittement de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé est confirmé et ils seront libérés sans conditions.

Si ce dernier scénario se produisait, l’image de la Cour pénale internationale serait endommagée, selon Ibrahima Kane, spécialiste des questions de justice internationale à l’Open society initiative for West Africa (Osiwa), basée à Dakar.

Ibrahima Kane :"Luis Moreno-Ocampo n’a pas fait un travail sérieux de collecte d’informations"

Selon lui, "c’est moins un cinglant désaveu pour madame Bensouda qu’un cinglant désaveu pour la Cour elle-même. Parce que le cas Gbagbo n’est que le énième exemple pour montrer comment le bureau du procureur, depuis Ocampo, (Luis Moreno-Ocampo, le premier procureur de la Cour pénale internationale, du 16 juin 2003 au 16 juin 2012) n’a pas fait un travail sérieux de  collecte d’informations dans les cas qui lui avaient été soumis. Si l’on compare cette cour avec le travail qui a été fait par le Tribunal pénal international pour le Rwanda ou son pendant européen, l'ex-Yougoslavie, on voit nettement une différence dans le travail qui avait été fait sur le terrain."

L’ancien président, Laurent Ggagbo, et son ex-ministre de la jeunesse, Charles Blé Goudé, ont été accusés de crimes contre l’humanité au cours des violences post-électorales en Côte d'Ivoire entre 2010 et 2011 qui ont fait environ 3.000 morts. Ils ont été libérés sous conditions en février 2019 après avoir été acquittés, faute de preuves suffisantes.