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La CPI se saisit de deux affaires au Kenya

31 mai 2011

La Cour pénale internationale est compétente pour juger les responsables des violences postélectorales de 2007/2008 au Kenya, dans deux affaires. La CPI critique le manque de zèle des autorités de Nairobi pour enquêter.

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Les violences postélectorales avaient fait plusieurs milliers de victimes.Image : AP

Ces reproches ont été réitérés, alors qu’une délégation du bureau du procureur de la CPI est arrivée lundi soir sur place pour discuter de la protection des témoins.

Deux groupes de trois personnes sont appelés à comparaître à La Haye. Chacun de ces groupes représente l’un des deux camps de la coalition actuellement au pouvoir au Kenya: d’un côté l’ODM du premier ministre Raila Odinga, de l’autre des membres du PNU, du président Kibaki.

Parmi les six hommes incriminés par la CPI se trouvent le vice-premier ministre et un ancien ministre, qui devront répondre de meurtres, de transfert forcé de population et de persécution. L’affaire remonte à la fin 2007 – début 2008, dans les mois qui ont suivi la réélection contestée de Mwai Kibaki à la présidentielle. A l’époque, les partis alliés de fait aujourd’hui étaient rivaux et les heurts entre partisans de l’ODM et du PNU avaient fait plus de 1100 morts et 300000 déplacés. La CPI demande cependant aux autorités kenyanes d’enquêter sérieusement sur les autres auteurs présumés de violences. Phakiso Mochochoko dirige la délégation du bureau du procureur présente depuis lundi à Nairobi:

«Si le gouvernement kenyan enquête effectivement, la CPI est disposée à coopérer avec lui. Si, au cours de notre enquête, nous récoltons des preuves concernant les autres cas qui relèvent de la justice kenyane, nous les lui transmettrons – sous certaines conditions cependant, notamment que la sécurité des témoins soit garantie.»

Luis Moreno-Ocampo
Luis Moreno-Ocampo, procureur de la CPI.Image : Picture-Allianc/dpa
Appliquer les engagements pris

La protection des témoins est garantie par les textes, mais mal appliquée. Le Kenya doit donc s’engager à assurer la sécurité des témoins principaux dans les affaires qu’il sera lui-même appelé à instruire.

Or, le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, dénonce à la fois les pressions de membres du gouvernement kenyan pour « faire cesser les poursuites », les manquements de la justice nationale pour faire toute la lumière sur les responsabilités et le peu de coopération de Nairobi avec La Haye. Le premier ministre Odinga, lui, assure la CPI qu'il souhaite coopérer. Une bataille qui s’annonce longue, de l’avis du chef de la délégation, mais qui doit être menée à bout pour assurer que justice soit faite aux victimes des violences postélectorales.

Auteur: Sandrine Blanchard
Edition: Jean-Michel Bos