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La crise anglophone menace l'économie camerounaise

Henri Fotso
7 décembre 2017

Baisse de moral chez les commerçants, les transporteurs et les entrepreneurs : si la contestation anglophone est forte dans le nord-ouest et le sud-ouest du pays, au niveau économique, c'est tout le monde qui en pâtit.

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Kamerun Zwiebelmarkt in Yaounde
Image : picture alliance/dpa/J. P. Kepseu

'L'impact va grandissant' (Protais Ayangma) - MP3-Stereo

L'impact économique de la crise anglophone se fait ressentir non seulement dans les caisses fiscales de l'Etat du Cameroun mais aussi dans les sphères économiques des villes francophones. 

Le syndicat des transporteurs de la gare routière de Bonabéri à Douala, un site de liaison entre le Cameroun francophone et anglophone, parle d'une chute de 75% des activités. "Avant, nous avions 35 véhicules de Kumba à Douala, tous les matins," explique Massango Manfred, un transporteur. "Maintenant, de 35 véhicules, nous sommes tombés à 15 véhicules, voire 10. Les gens ont peur de mettre leur argent dans les affaires parce qu'ils ne savent pas de quoi demain sera fait."

Francophones et anglophones ont besoin les uns des autres 

Effectivement, les activités tournent au ralenti entre la partie francophone et la partie anglophone du Cameroun. Achille Amougou, commerçant au marché Kolouloun à Douala explique que "cette période est très difficile. Si on veut parler clair, c'est aussi à cause des problèmes du côté anglophone que le Cameroun est en train de traverser. Parce que les anglophones aussi sont très actifs dans les activités commerciales, surtout ici, au marché Kolouloun. Du coup, quand ils ne sont pas là, on est vraiment freiné."

Kamerun - Proteste
Patrouille de la police à Buea, à 60 kilomètres à l'ouest de DoualaImage : Getty Images/AFP/Stringer

Les blocus récurrents dans les deux régions anglophones du Cameroun freinent aussi l'arrivée, dans les usines de Douala, des produits tels que le cacao. La région du sud-ouest est l'un des plus grands bassins de production dans le pays.

Protais Ayangma, président d'ECam, une association d'entreprises camerounaises explique que "c'est une réalité qui est implacable. L'impact va grandissant. Ces régions nourrissent quand même en partie des villes comme Douala. La région de Buea est une des plus actives et innovantes en matière de startup. Forcément, c'est le pays qui y perd."

Ainsi, les manifestations publiques, les affrontements parfois mortels entre les activistes et les forces de l'ordre, les villes mortes, les couvre-feux et autres décisions telle que la suspension d'internet en début de cette année, ont progressivement plongé les deux régions anglophones du Cameroun dans un grave recul économique. Et désormais, l'impact est national.