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La Cédéao et l'Onu en visite au Burkina Faso après le putsch

Richard Tiéné | La rédaction francophone
31 janvier 2022

Une mission conjointe débute ce lundi 31 janvier. L'organisation sous-régionale est sous pression, beaucoup l'appelant à ne pas prendre de nouvelles sanctions.

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Manifestation à Ouagadougou le 24 janvier
La Cédéao est sous pression de la rue burkinabè après le coup d'EtatImage : OLYMPIA DE MAISMONT/AFP/Getty Images

Une délégation conjointe de l’Onu et de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) est attendue ce lundi 31 janvier à Ouagadougou, une semaine après le coup d’Etat qui a renversé le président Rock Marc Christian Kaboré. Elle est conduite par le représentant spécial de l'Onu en Afrique de l'Ouest Mahmat Saleh Annadif, accompagnée de Shirley Ayorkor Botchway, ministre des Affaires Etrangères du Ghana, par ailleurs présidente du Conseil des ministres de la Cédéao.

Samedi 29 janvier déjà, une délégation de chefs des armées de la Cédéao a rencontré à Ouagadougou les membres de la junte qui a pris le pouvoir. Vendredi, la Cédéao avait suspendu le pays des instances de l'organisation. Elle exige la libération du président renversé Roch Marc Christian Kaboré, placé en résidence surveillée, ainsi que des autres responsables arrêtés.

Pression de la rue burkinabè contre la Cédéao

La Cédéao marche sur des oeufs dans ce dossier. Ses sanctions contre le Mali, pays touché par un coup d'Etat également, sont mal acceptés dans la population et semblent sans effet sur les militaires. Alors qu'une partie de la population soutient les militaires au Burkina-Faso, de nouvelles sanctions pourraient donc être contre-productives.

Manifestation à Ouagadougou le 26 janvier
De nombreux habitants du Faso soutiennent les militairesImage : Xinhua/imago images

C'est d'ailleurs ce que disent de nombreux burkinabè. "Il y a très longtemps qu'on nous tue. Que fait la Cédéao contre cela ?", interroge un habitant au micro de la DW. "Nous avons voté le président Roch Marc Christian Kaboré et nous avons vu qu'il ne remplit pas nos conditions et qu'il refuse de démissionner. Lorsqu'il y eu le coup d'Etat la population n'est pas sorti pour le soutenir", poursuit-t-il.

Lire aussi → Sanctions de la Cédéao : les Burkinabè soutiennent le Mali

D'autres parlent même de "supprimer" la Cédéao, accusée de "ne rien apporter aux pays membres". "Les chefs d'Etat y évoluent comme dans un syndicat ou chacun lutte pour conserver son pouvoir", se fâche un habitant de Ouagadougou. 

"La Cédéao doit nous aider"

Les organisations de la société civile ont récemment organisé plusieurs rencontres dans la perspective de préparer les populations à d'éventuelles sanctions au-delà de l'exclusion déjà annoncée du Burkina Faso de la Cédéao.

Ainsi, Lassina Ouédraogo coordonnateur du mouvement Action Concorde espère que les émissaires de la Cédéao feront preuve de clémence et de magnanimité en évitant d'infliger au Burkina Faso d'éventuelles sanctions au-delà de son exclusion de l'organisation ouest africaine déjà actée.  

"Si la Cédéao arrive à Ouagadougou avec un calendrier clair pour nous sortir du bourbier sécuritaire, nous peuples africains allons être très contents et allons l'applaudir. On ne demande pas à la Cédéao de venir nous imposer un calendrier. Elle ne doit pas venir avec des sanctions pour plomber les difficultés que vivent déjà les populations. Elle doit venir en sauveur, en aide à un pays en difficultés. »

Paul-Henri Sandaogo Damiba
Le lieutenant-colonel Damiba n'a pris publiquement la parole qu'une seule fois depuis le coup d'EtatImage : Facebook/Präsidentschaft von Burkina Faso

Lassina Ouédraogo met en garde : si la Cédéao, en dépit du contexte, sanctionne le Burkina Faso, cela pourrait déclencher d'autres mécontentements, dans d'autres pays.

"Des regroupements improvisés ont été créés pour apporter leur soutien au pays frère malien. En cas de sanction le Burkina Faso aura le soutien d'autres pays comme le Niger, la Cote d'Ivoire, le Ghana…" Il va même jusqu'à prédire "la mort de la Cédéao" si des sanctions étaient prises. 

Un contexte qu'a bien compris le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration. Il a précisé, dès ce week-end, aux chefs d'Etat-major des pays membre la mission dans la capitale burkinabè que son putsch qui a conduit Henri Damiba au pouvoir "répond aux aspirations du peuple burkinabè".