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La Deutsche Welle censurée en Ethiopie

28 mai 2010

Peut-être pas tout à fait une coïncidence: les autorités éthiopiennes ont recommencé à brouiller les ondes du programme amharique de la Deustsche Welle juste avant dimanche dernier, le jour des élections législatives.

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Un correspondant du programme amharique fait une interview le jour du scrutin. Copyright: L. Schadomsky/DWImage : DW

Ce n'est pas la première fois que le gouvernement entrave les émissions de la Deutsche Welle, accusées d'être « tendancieuses », comme celles de nos confrères américains de la VOA dans le pays. Cette pratique s'inscrit dans la stratégie d'Addis Abeba qui consiste à faire taire les voix qui dérangent. Le président directeur général de la Deutsche Welle, Erik Bettermann, ne cache pas son agacement.

« Je ne comprends pas ces mesures, à quelques jours des élections. Elles vont à l'encontre des lois internationales et, pire à mes yeux, elles violent ce droit de l'homme universel qu'est le droit à l'information. »

Déjà, en 2007/2008, les émissions du programme amharique avaient été brouillées intentionnellement par les autorités sur ondes courtes. A l'époque, le gouvernement éthiopien ne voulait pas que l'invasion de la Somalie par ses soldats et la tension grandissante avec l'Erythrée fasse trop de vagues.

Le directeur du département Afrique de Reporters sans Frontières à Paris, Ambroise Pierre, n'en doute pas : cette fois-ci, ce sont bien les élections de dimanche dernier qui ont amené la censure:

« Le brouillage des ondes de la Deutsche Welle en Ethiopie doit évidemment être replacé dans le contexte politique actuel. Les élections étaient particulièrement importantes pour le premier ministre Meles Zenawi et son gouvernement. Ce gouvernement a donc empêché les médias du pays comme les médias internationaux de faire librement circuler l'information. »

Ancien guérillero marxiste, Meles est au pouvoir depuis 19 ans. Il essaie de se profiler sur la scène internationale comme LE négociateur africain sur la protection du climat et au sein du G20. En Ethiopie, les associations de défense des droits de l'homme se plaignent de son autoritarisme : alors même qu'Addis Abeba abrite le siège de l'Union africaine, le gouvernement musèle les médias et la population civile. Reporters Sans Frontières a publié en mai un courrier adressé à Meles, pour lui réclamer d'assurer la liberté de la presse durant la période électorale. Une lettre ouverte restée lettre morte.

En 2008, seule une intervention directe de la chancelière allemande avait permis de faire céder les autorités éthiopiennes. Hier, ces mêmes autorités ont refusé de répondre aux questions de nos confrères. Et le premier ministre Meles a quant à lui nié le brouillage de nos ondes en présence du chef de la délégation des observateurs européens.

Le dossier sera en tout cas abordé ce soir par l'Allemagne, lors du cocktail organisé par l'ambassade à Berlin, à l'occasion de la fête nationale éthiopienne qui tombe aujourd'hui.

Auteurs: Ludger Schadomsky / Sandrine Blanchard
Edition: Konstanze von Kotze