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La dure bataille contre les ADF dans l'est de la RDC

2 décembre 2019

En 2003 et 2013, une brigade d'intervention rapide a aidé en RDC pour combattre des violences. Actuellement, des voix s'élèvent pour recourir au même genre d'intervention pour vaincre les milices ADF.

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Demokratische republik Kongo UN Friedensmission Monusco
Image : picture-alliance/dpa/M. Kappeler

"Les rebelles ADF sont incrustés au sein des communautés" (Mathias Gillmann)

Retour en arrière: le 20 novembre 2012, soit 13 ans après la création de la force de l’ONU, Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu, dans l’est du pays, tombe entre les mains du groupe rebelle M23.

La communauté internationale se mobilise et le Conseil de sécurité créé la Brigade d’intervention rapide, une force militaire intégrée à la Monusco.

En quelques semaines, celle-ci parvient à neutraliser les rebelles du M23 et à reprendre le contrôle de Goma.

Depuis, cette Brigade, pourtant autorisée à utiliser la force, n’a pas réussi à contenir les actions des rebelles ADF (Forces alliées démocratiques) qui sévissent dans l’est de la RDC.

Mais selon Jean-Jacques Wondo, spécialiste en matière de défense et sécurité au Congo, cette mission n’incombe pas seule à la Monusco.

"Le travail de la Brigade n'est pas qu'elle agisse seule. Elle doit agir en collaboration avec les forces armées de la RDC. On se rend compte que depuis pratiquement 2014, les autorités congolaises sont réticentes de mener des actions conjointes avec la Monusco", révèle le chercheur  associé au GRIP, le Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité.

Jean-Jacques Wondo : "La Brigade d’intervention ne doit pas agir seule"

Le chercheur consultant auprès de l’ISS Africa en Afrique du Sud, et diplômé de l’Ecole royale militaire et des Hautes études de sécurité et de défense en Belgique, ajoute : "On sent aussi qu'il y a des interférences qui font que les unités qui sont déployées là-bas, outre la Brigade internationale, ne sont pas suffisamment outillées pour mener les actions. Ne pensez pas que ce qui s’est fait en 2013 s'est fait uniquement grâce à la Monusco. C'était des actions conjointes avec les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo, ndlr) avec l'état-major conjoint, où ils partagent les informations."

Forces insaisissables

Mathias Gillmann, le porte-parole par intérim de la Monusco, explique pour sa part que la Brigade d’intervention rapide n’a pas réussi à vaincre les rebelles ADF car ils sont insaisissables, contrairement aux rebelles du M23.

Les soldats congolais dans l'est de la RDC
Les soldats congolais dans l'est de la RDCImage : DW/J. Kanyunyu

"Les groupes armés sont très différents. Le M23 avait une présence militaire plus claire que les ADF. Les ADF sont un groupe particulier parce qu’ils sont infiltrés au sein des communautés. Quand on dit groupe armé, il faut bien réaliser que les ADF ne sont pas des contingents d'hommes clairement identifiables qu'il suffirait d'aller chasser dans la forêt. Donc il y a un travail militaire différent qu'il faut faire contre eux", indique-t-il.

Chapitre VII

Toutefois, l’usage de la force, conformément au chapitre VII de la Charte de l’ONU, est la seule solution pour arrêter les cycles de violences causées par les groupes rebelles dans l’est de la RDC, a rappelé la semaine dernière le gynécologue congolais, Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018.

"Je crois que la Monusco, même si elle n'a pas su enrayer la crise, son absence serait dramatique. Le message que je peux donner à la population est qu'on puisse réfléchir comment trouver d'autres solutions, surtout dans le cadre du chapitre VII des Nations unies", a en substance déclaré  le gynécologue congolais à la DW.

Le prix nobel de la paix, Denis Mukwege
Le prix nobel de la paix, Denis MukwegeImage : AFP/R. Arboleda

Précisons que le chapitre VII de la Charte des Nations unies concerne les actions à mener "en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression".

Dans ce cas de figure, "tous les Membres des Nations unies " sont invités à mettre à la disposition du Conseil de sécurité, "les forces armées, l'assistance et les facilités, y compris le droit de passage, nécessaires au maintien de la paix et de la sécurité internationale".

Le chapitre VII de la Charte des Nations unies autorise justement l’usage de la force en cas de menace pour la paix.

Enfin, bien qu’annoncée il y a une semaine par le président Félix Tshisekedi, la reprise des opérations militaires conjointes entre la Monusco et les forces armées congolaises n’a pas encore débuté.

Visite de Jean-Pierre Lacroix

Le secrétaire général adjoint de l’ONU en charge des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix était à Beni, samedi dernier dans un contexte très tendu marqué par la défiance des populations contre les casques bleus de l’ONU.

Deux personnes ont été tuées le jour même de cette  visite marathon.

Le secrétaire général adjoint de l’ONU en charge des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix
Le secrétaire général adjoint de l’ONU en charge des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix Image : picture-alliance/AP/Keystone/M. Trezzini

Après un briefing avec l’équipe locale de la MONUSCO, Jean-Pierre Lacroix est allé visiter la base de la mission onusienne, qui a été attaquée, pillée et détruite par des manifestants en colère le 25 novembre dernier.

À Goma, à l’issue d’une réunion avec le gouverneur provincial, Jean-Pierre Lacroix a déclaré que l’attaque des installations de la MONUSCO à Beni et Biakato a été planifiée et financées.

Les ressortissants de Béni qui avaient organisé vendredi une marche contre l’inaction des casques bleus de la MONUSCO dans leur pays seront reçus par le Secrétaire général adjoint des Nations unies en charge des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix.

Dans leur mémorandum, les ressortissants de Béni exigent le départ de la MONUSCO de la province du Nord-Kivu à cause des tueries à répétition.

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona