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La faim, et pire encore

29 juillet 2011

Cette semaine encore un sujet éclipse pratiquement tous les autres: c'est la famine dans la Corne de l'Afrique.

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Dans l'attente d'une distribution de vivres du PAM à MogadiscioImage : AP

Les récits d'horreurs se multiplient dans les journaux. L'hebdomadaire Die Zeit s'intéresse à l'histoire d'Ahmed Mohammed Aden, un Somalien arrivé à Dagahaley, l'un des trois camps de réfugiés installés autour de Dadaab au Kenya. "Cela s'est passé il y a un mois à Doble, près de la frontière", raconte-t-il. Des miliciens nous ont arrêtés et nous ont tout volé: l'argent, les téléphones portables, les montres et même les vêtements. " Ensuite ils ont démonté la voiture dans laquelle Ahmed et sa famille avaient pris la route. Et puis ils ont emmené sa femme et sa fille et les ont violées toute la nuit. Après ces 24 heures de martyre, les miliciens les ont finalement laissés partir.

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Image : Fotolia/Blasius Mrowiec

Les images sont insoutenables, écrit le Tagesspiegel de Berlin. D'innombrables affamés fuient à travers l'Afrique de l'est pour arriver à un endroit où ils trouveront à manger. La plus touchée est la Somalie, un pays sans Etat, sans paix, sans avenir. Mais que doivent faire les occidentaux, face au jeu cynique que jouent les milices islamistes el-schebab avec l'ONU et les organisations humanitaires? L'empathie, souligne le journal, doit l'emporter. Les occidentaux n'ont pas à se laisser dicter par des fanatiques alliés d'alQaida où ils peuvent aider ou non. Ils doivent d'abord chercher des partenaires régionaux puis entreprende leur intervention humanitaire. Au besoin avec l'aide d'une logistique militaire. Navires de guerre, hélicoptères, véhicules, soldats - tout cela pour protéger une aide sans laquelle des milliers de personnes sont condamnés à mourir dans d'atroces souffrances, ajoute le Tagesspiegel.

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A pied vers le camp de Dadaab au KenyaImage : AP

Comment aider vraiment la Somalie?

La presse allemande se demande aussi si cette aide humanitaire est le meilleur moyen d'aider la Somalie, ou en tout cas si elle est suffisante. Bien sûr, écrit die Tageszeitung, il y a en Somalie une multitude d'enfants au stade final de la sous-alimentation. Ils ont d'urgence besoin des nutriments de l'ONU. Mais les images diffusées dans les médias internationaux font oublier que la Somalie est en fait un exportateur de denrées alimentaires. Plus de quatre millions de têtes de bétail ont été vendues l'an dernier par la Somalie dans le monde arabe. Aujourd'hui le sud affamé fournit encore du sucre et du riz aux pays voisins. Parallèlement, le pays a depuis des décennies l'un des taux de sous-alimentation les plus élevés au monde. Et cela parce que la population rurale, faute de sécurité et d'investissements, n'a pas d'argent ni de réserves pour les périodes difficiles. Lorsqu'à cause de la sécheresse le bétail perd de son poids et de sa valeur et donc que les recettes d'exportation baissent, les revenus des éleveurs diminuent alors que les commerçants ont moins d'argent à leur disposition pour les importations de denrées alimentaires et vendent plus cher que d'habitude le peu qu'ils importent encore. Ainsi s'enclenche la funeste spirale de la paupérisation. Elle ne peut être inversée par une aide massive et gratuite de l'étranger, souligne le journal, au contraire. L'objectif de l'aide internationale doit être de libérer les forces productives de la Somalie.

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Séchage de mil en EthiopieImage : Helge Bendl

La cherté des produits alimentaires est aussi abordée dans l'interview que le directeur du bureau du Programme alimentaire Mondial à Berlin, Ralf Südhoff, a accordée à la Frankfurter Rundschau. Ralf Südhoff indique par exemple qu'au Kenya le maïs, l'aliment de base, coûte trois fois plus cher qu'il y a un an. En Somalie le prix du mil a augmenté encore plus fortement. A long terme, souligne par ailleurs Ralf Südhoff, il faut surtout prendre des mesures pour freiner le changement climatique, car c'est lui qui provoque les catastrophes naturelles comme la sécheresse. Selon certaines prévisions, si rien n'est fait en la matière, la production agricole chutera de 50% en Afrique.

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Le colonel Kadhafi en février 2011Image : Libya State Television via APTN/AP/dapd

Kadhafi doit partir

En dehors de la Corne de l'Afrique, la Süddeutsche Zeitung appelle au départ de Kadhafi et critique ce qu'elle considère comme une volte face des occidentaux. Il n'y a pas si longtemps, les généraux de l'OTAN reconnaissaient qu'ils faisaient la chasse au colonel Kadhafi, note le journal. Kadhafi, disait-t-on à Paris et à Londres, serait soit tué soit emprisonné en vertu d'un mandat d'arrêt international. Mais subitement les occidentaux n'excluent pas que le dictateur puisse finir tranquillement ses jours en Libye. Or croire que Kadhafi se retire sans broncher pour ouvrir la voie à la démocratie, c'est sous estimer son énergie criminelle. La Tunisie et l'Egypte montrent à quel point le changement est difficile lorsque l'insurrection triomphe. Avec un Kadhafi simplement remercié, un tel changement serait impossible.

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Omar el Béchir (dr.) et Salva Kiir, président du Soudan du sud.Image : picture-alliance/dpa

Chantage économique

Enfin die Tageszeitung relève que quelques semaines après son indépendance, le Soudan du sud est sur le pied de guerre avec le reste du Soudan. Guerre économique dans la mesure où Khartoum exige maintenant des droits de transit de 22,80 dollars par barril de pétrole extrait dans le sud et acheminé jusqu'à Port-Soudan sur la Mer rouge. Le Sud est prêt à payer 2 dollars au maximum. Mais le sud n'a pas beaucoup de moyens de pression, note le journal. Le pétrole du sud est toujours commercialisé par la société pétroliére nationale du nord, sans compter, ajoute le journal, que le sud est aussi tributaire du Nord pour les importations de produits pétroliers, ce dont le nord profite aussi. Au Soudan du sud, pays misérable, l'essence est rare et coûte aussi cher qu'en Allemagne.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum