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La Libye à tâtons

16 décembre 2011

L'Afrique dans la presse allemande cette semaine, c'est tout d'abord le nord du continent, avec les soubresauts qui continuent d'agiter la Libye.

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Manifestation à Benghazi, le 12.12.11Image : dapd

Les milices libyennes se combattent, titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui note qu'en dépit d'une première conférence sur la réconciliation nationale, des milices libyennes se sont livré de sanglants affrontements. L'un des échanges de tirs impliquait le chef d'état major de la nouvelle armée libyenne, le général Khalifa Haftar, qui s'en est sorti indemne. Les tensions montent en Libye entre des milices lourdement armées, écrit la Süddeutsche Zeitung. Les hommes qui ont fait tomber Kadhafi estiment avoir versé le sang des meilleurs d'entre eux pour libérer la patrie et veillent à ce que ce sacrifice n'ait pas été vain. La plupart d'entre eux excluent de déposer les armes, comme le demande le faible conseil national de transition. Leur loyauté appartient à leurs chefs, et non à une armée en gestation qui ne dispose d'aucune structure de commandement. Cette nouvelle armée, souligne le journal, n'absorbe pas le potentiel de violence, mais fait concurrence aux milices, surtout lorsque les protagonistes sont originaires de régions différentes.

Ägypten Wahl Wahlen 14.12.2011 Giza
Elections à Giza, 14.12.11Image : dapd

Dans l'attente d'une nouvelle victoire islamiste

Dans le sillage encore des printemps arabes, la deuxième phase des élections législatives en Egypte retient l'attention des journaux allemands. Pour le quotidien Die Welt, qui s'est rendu dans la ville de Suez , les Frères musulmans et les salafistes devraient de nouveau triompher. Après leur score étonnamment fort à la première étape des élections, la campagne électorale s'est polarisée, écrit Die Welt. Elle est devenue plus agressive. Les arguments suivent de plus en plus des lignes religieuses. Cette domination grandissante de la religion dans la campagne électorale est déprimante, surtout pour les jeunes électeurs. La Frankfurter Allgemeine Zeitung présente le porte-parole officiel des Frères musulmans, Issam al Eryan. C'est, écrit le journal, leur visage le plus connu, non seulement parce qu'il est leur porte-parole, mais aussi et surtout en raison de son ton modéré et conciliant. Certains seront peut-être étonnés, poursuit le journal, que son parti pour la liberté et la justice, comme s'appellent maintenant les Frères musulmans, réalise un si bon score auprès des travailleurs du Caire et d'ailleurs. Mais cela tient à l'engagement social qui caractérise presque tous les mouvements islamistes de la région et qui dans le passé déjà a fait leur popularité.

Elfenbeinküste Duékoué Flüchtlinge
Réfugiés à Duékoué en juin 2011Image : AP

Des Ivoiriens toujours traumatisés

A lire aussi cette semaine dans la presse allemande un long reportage sur la Côte d'Ivoire. C'est dans die Tageszeitung, qui a envoyé une journaliste à Duékoué. Duékoué est située non loin de la frontière avec le Liberia, et fut le théâtre de l'un des pires massacres pendant la guerre qui a fait suite au second tour de l'élection présidentielle en novembre 2010. A l'époque, rappelle le journal, 30 000 personnes avaient trouvé refuge à la mission catholique de Duékoué. Ce qui s'est passé exactement le 29 mars, dans ce fief de Laurent Gbagbo, est difficile à reconstruire plusieurs mois plus tard. 400 personnes, ou peut-être 800, ont été tuées, probablement assassinées par des partisans de Ouattara. Aujourd'hui, lit-on dans ce reportage, 2 400 personnes vivent encore sur le terrain de la mission. Et ceux qui sont venus de villages environnants ont toujours peur de rentrer chez eux. Exemple: ce tailleur rencontré dans l'enceinte de la mission catholique. Il s'appelle Romaric Gazahi, il dit avoir honte d'avoir soutenu Gbagbo, mais demande-t-il, qui peut me garantir que je serai en sécurité si je rentre chez moi.

Mädchen durchsucht Müll Gründe für Migration schlechte Lebensbedingungen Afrika
A la recherche de nourriture dans des détritus au ZimbabweImage : picture-alliance/dpa

Le vieil homme et le pouvoir

Au Zimbabwe, Robert Mugabe persiste et signe. Cela inspire un article à la Süddeutsche Zeitung. Tous ceux qui pensaient que le vieil homme allait se retirer de la politique en sont pour leurs frais, écrit ce confrère. A 87 ans, et alors qu'il est gravement malade, Robert Mugabe entend mener une nouvelle fois la ZANU-PF à la victoire en 2012. A son congrès de Bulawayo, le parti a désigné Mugabe comme son candidat à la prochaine présidentielle. Triste routine, écrit le journal, à un moment où tout le monde s'interroge déjà sur ce que deviendra le Zimbabwe après Mugabe. Plusieurs fois déjà, l'éventualité d'une révolte de palais a été évoquée. Mais personne jusqu'à présent n'a osé. Toutes les fractions qui en catimini se battent pour la succession de Mugabe, font à présent contre mauvaise fortune bon coeur. Aussi absurde que cela puisse sembler, certains sont sans doute convaincus que seul le vieil homme peut garantir le pouvoir du parti.

Simbabwe Morgan Tsvangirai
Morgan Tsvangirai (au centre) en 2010Image : AP

Le fiancé malchanceux

Die Welt évoque le mariage raté de Morgan Tsvangirai, premier ministre zimbabween et rival de Mugabe. Le frère de la fiancée est député de la ZANU-PF, mais l'amour c'est l'amour, écrit die Welt, et la promise était enceinte. Le mariage était fixé au 20 novembre.Tsvangirai avait payé la dot: 27 000 euros et 15 vaches. Et puis il a tout annulé, en annonçant que ses ennemis politiques exerçaient une influence destructrice sur le futur couple. L'affaire pour lui était close. Or poursuit Die Welt, voilà qu'un tribunal traditionnel l'a condamné pour avoir brisé un tabou de la culture shona: avoir voulu se marier au mois de novembre, alors que c'est le début de la saison des pluies et qu'il ne faut pas détourner les travailleurs de leur travail dans les champs. Comme peine, Tsvangirai devait donner deux moutons, deux vaches et neuf mètres de coton. Il a refusé.

Auteur : Marie-Ange Pioerron
Edition : Georges Ibrahim Tounkara