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"La Libye n'est pas comparable à Bahrein"

22 mars 2011

Une intervention militaire est-elle envisageable en Syrie, au Yémen ou à Bahrein, pour endiguer les violences ? Non, de l'avis de nombreux analystes, qui soulignent les différences structurelles d'un pays à l'autre.

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Manifestation à BahreinImage : dapd

Ceux qui contestent l’intervention en Libye mettent en avant les intérêts occidentaux, qui auraient dicté la décision de contrer Kadhafi à tout prix. Une analyse partagée par Michael Lüders, spécialiste allemand du Proche-Orient. La monarchie bahreïnie bénéficie en effet du soutien militaire des Saoudiens, grands alliés des Etats-Unis dans la région. Michael Lüders :

« Les Américains ne vont certainement pas accentuer leur pression sur l’Arabie Saoudite en faveur d’une démocratisation, parce que la révolte chiite à Bahreïn pourrait gagner la majorité chiite de l’Est de l’Arabie Saoudite, la région où se trouvent la plupart des gisements de pétrole du pays.»

Pourtant, les manifestants bahreinis répètent que leurs revendications sont avant tout politiques, et non confessionnelles. En clair, qu’il s’agit d’un mouvement social, et pas d’un conflit entre chiites et sunnites, contrairement à ce que martèlent leurs dirigeants, qui dénoncent un complot orchestré par l’Iran.

Au Yémen, aussi les tensions restent vives. Le président Ali Abdallah Saleh dirige le pays depuis la réunification du nord et du sud en 1990. Et il fait toujours face à une grande instabilité, avec de nombreux soulèvements, notamment des sécessionnistes du Yémen du sud, et la montée de l’islamisme. Il a dû limoger son gouvernement ce week-end, et risque fort de ne pas pouvoir se maintenir à terme. Paris a d’ailleurs indiqué que la France souhaitait son départ. Mais malgré les condamnations de la Maison Blanche après la violence de la répression, la communauté internationale ne semble pas prête à intervenir au Yémen, pays très pauvre qui pourrait bien sombrer dans une nouvelle guerre civile selon Michael Lüders.

« Les caisses de l’Etat yéménite sont vides, les ressources en pétrole épuisées. Et puis les crises du pays ne sont pas réglées, sans compter l’énorme problème de l’eau, où, dans les villes, les gens n’ont plus rien à boire. Et les conflits dans le nord et dans le sud.»

Pour finir notre tour d’horizon sous-régional, il y a aussi les heurts en Syrie, où la population du sud réclame la fin de la tyrannie de Bachar al-Assad, malgré l’intervention de l’armée. Or, le régime est allié de l’Iran.

Auteur: Sandrine Blanchard
Edition: Jean-Michel Bos