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La Libye toujours sous le feu de l'OTAN

10 juin 2011

La situation économique et sociale en Afrique inspire cette semaine beaucoup d'articles, mais sans éclipser la guerre en Libye.

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Après un raid de l'OTAN à Tripoli, 7 juin 2011Image : picture alliance/dpa

Après onze semaines de bombardements en Libye, le Tagesspiegel de Berlin s'interroge: est-ce une bonne guerre? A l'évidence le journal ne le pense pas. Dès le début, écrit-il, les principaux partisans de l'intervention militaire n'ont laissé planer aucun doute sur le fait que la protection de civils innocents ne serait pas l'unique objectif des avions de combat occidentaux. Ils apportent aussi, sinon surtout, une aide à un renversement de pouvoir à la plus docile des deux parties en conflit dans la guerre civile et tribale de Libye. L'ancien président sud-africain Thabo Mbeki signe un article dans l'hebdomadaire Die Zeit pour dénoncer "le retour des colonialistes". La résolution 1973 des Nations unies, lit-on sous sa plume, a précisément permis en Libye une intervention militaire que les Africains avaient rejetée une semaine plus tôt. Mais ajoute-t-il plus loin, par leur hégémonie au conseil de sécurité des Nations unies, les pays occidentaux ont fait comprendre à l'Afrique qu'ils restent déterminés à lui dicter son avenir.

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Migrants approchant de Lampedusa, mars 2011Image : dapd

die Tageszeitung, elle, s'insurge contre l'inaction des Européens face aux naufrages répétés en Méditerranée de navires chargés de Subsahariens qui fuient la Libye. Le nombre de morts, écrit le journal, dépasse déjà celui des Libyens tués en mars dernier. Ce sont ces morts qui ont poussé à l'intervention militaire pour protéger les civils. Personne en revanche n'intervient pour protéger les migrants africains qui fuient. Et le journal est particulièrement dur pour l'Allemagne qu'il accuse de jouer un rôle peu glorieux en restant à l'écart de tout.

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Emeutes contre la hausse du coût de la vie en Algérie, janvier 2011Image : dapd

Baisse de la croissance en Afrique

Les bouleversements dans le nord de l'Afrique, mais aussi la crise en Côte d'Ivoire, ne sont pas restés sans incidence sur l'économie du continent. "L'Afrique paie pour les révolutions", titre le Tagesspiegel qui s'appuie pour écrire cela sur le dernier rapport de la Banque africaine de développement et du centre de développement de l'OCDE . Ces perspectives économiques, note le journal, montrent à quel point la chute de la croissance économique dans les cinq pays de l'Afrique du nord - elle sera cette année de 1% - se répercute sur la croissance économique globale en Afrique. Or poursuit le journal, pour parvenir à une baisse tangible de la pauvreté en Afrique, la croissance devrait y afficher pendant toute une décennie des taux de 10 à 15%. La plupart des pays du continent en sont loin. Et surtout, leur faible croissance est très inégalement répartie. Alors qu'une petite élite ne cesse de s'enrichir, la masse des Africains s'est encore appauvrie pendant la dernière décennie. Et puis le journal note aussi que selon le rapport de la BAD et de l'OCDE une majorité de jeunes Africains est mal formée et au chômage, y compris en Afrique du sud, le seul pays industriel du continent.

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Femme à moto, OuagadougouImage : DW/Christine Harjes

Grogne générale au Burkina Faso

Cette faiblesse économique explique entre autres le mécontentement au Burkina Faso. Il y gonfle comme un feu de brousse, écrit die Tageszeitung. Quoi que fasse le gouvernement, la protestation ne faiblit pas. Depuis des mois les scènes de militaires qui tirent en l'air et pillent des magasins se répètent au Burkina. Les raisons du mécontement sont connues: absence de hausses de salaires, non paiement de primes, faiblesse des indemnités de logement, ras-le-bol général face à la vie chère, chômage et carences de la justice - tout cela pousse les Burkinabé dans la rue. Qui proteste en faisant usage de son arme est récompensé par des concessions. Les milieux diplomatiques et la société civile, poursuit le journal, dénoncent une corruption qui anéantit l'effet positif de la hausse des prix du coton et des exportations d'or. La peur des bandes d'Al Qaida au Maghreb islamique rend les régions frontalières peu sûres pour les commerçants. Et après 23 années de pouvoir, le président n'a toujours pas promis de ne pas se représenter à l'élection de 2015.

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Des terres convoitées en Afrique

Le thème de l'accaparement des terres en Afrique revient dans le quotidien Die Welt. La hausse et les fluctuations des prix des denrées alimentaires sur le marché mondial et les révoltes de la faim dans 15 pays ont déclenché en 2008 une ruée sans pareille sur les surfaces agricoles en Afrique, en Amérique du sud et en Asie, écrit Die Welt. Des pays comme l'Inde et les Etats du Golfe en particulier, veulent ainsi apaiser la faim de leurs populations en pleine expansion ou récolter des produits qu'ils négocieront sur le marché mondial. Le maïs, le riz, le blé, le soja, le sorgho, le sésame, la canne à surcre et les oléagineux pour la production de biocarburants ont le vent en poupe chez les investisseurs. Le journal évoque en particulier l'appétit de l'investisseur indien Ramakrishna Karuturi pour les terres de l'Ethiopie - un pays, souligne le journal, dans lequel 3,2 millions de personnes sont actuellement tributaires de l'aide alimentaire.

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Vaccination contre la polio dans le nord du NigériaImage : Thomas Kruchem

Un geste des trusts pharmaceutiques

Une percée dans la lutte contre des épidémies mortelles - c'est ce que relève le même journal, die Welt, dans un article sur ces maladies évitables qui tuent chaque année 1,7 million d'enfants. Le journal emmène ses lecteurs dans le village d'Ankariera, dans le sud de Madagascar. Beaucoup d'enfants y meurent encore de diarrhée provoquée par des rotavirus. Mais la percée en question pourrait être proche. Lundi dernier, note die Welt, de grands fabricants de vaccins pour enfants ont annoncé qu'ils réduiraient les prix de leurs médicaments pour les pays les plus pauvres. Et ce, dans dans une proportion pouvant aller jusqu'aux deux-tiers. Le vaccin contre les rotavirus du groupe britannique GlaxoSmithKline ne coûte plus à Madagascar que 1,70 euro, soit 5% du prix dans les pays industriels.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Georges-Ibrahim Tounkara