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La longue attente des détenus tchadiens

Blaise Dariustone
25 novembre 2020

Au Tchad, de nombreux détenus restent de longs mois en prison sans avoir été jugés, officiellement faute d’avocats.

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Palais de justice d'Abéché au Tchad
Palais de justice d'Abéché au TchadImage : Sonia Rolley/AFP

S’il est conseillé à une personne victime d’une infraction ou confrontée à un litige de se faire représenter par un avocat, ce n’est pas le cas de nombreux tchadiens emprisonnés pour des délits ou des crimes.

Faute d’argent pour bénéficier des services d’un avocat, certains restent incarcérés pendant des mois, voire une année, et se retrouvent ensuite sans dossier pouvant justifier la raison de leur arrestation. 

Maître Max Loalngar est le président de la Ligue tchadienne des droits de l’homme, par ailleurs avocat au barreau du Tchad déplore cette situation. "C’est une situation qui est bien réelle. En tant qu’avocat nous avons eu connaissance de gens qui croupissent en prison quelques fois depuis des décennies. Ce sont assez souvent des gens dont les dossiers, faute d’argent, ne sont pas suivis. Normalement l’Etat devrait commettre d’office des avocats pour assister les personnes accusées en matière criminelle par exemple, mais malheureusement ce n’est pas systématique au Tchad."

La justice tchadienne est accusée de lenteur dans le traitement des dossiers des détenus
La justice tchadienne est accusée de lenteur dans le traitement des dossiers des détenusImage : Thomas Coex/AFP

Mobilisation contre cette situation

Consciente de cette situation, l’avocate Delphine Kemneloum Djiraibéa créé en 2006, une association dénommée PILC, le Centre juridique d’intérêt public. Depuis plus de dix ans, le PILC a facilité l’accès à la justice à de nombreuses personnes. "Nous avons récemment effectué une visite dans le pavillon des femmes à la Maison d’arrêt de N’Djamena et en échangeant avec ces femmes, nous nous sommes rendus compte qu’au moins six d’entre elle n’avaient pas d’avocats et étaient là depuis plus de six mois. Donc c’est un problème qui est réel, c’est pourquoi PILC cherche une solution qui puisse soulager ces personnes en offrant des services juridiques gratuits. Nous sommes sur ce terrain depuis plus de dix ans déjà et nous avons ouvert des dossiers pour plus d’un millier de personnes démunies, majoritairement des femmes et enfants’’, explique Delphine Kemneloum Djiraibé.

"Des gens croupissent en prison quelques fois depuis des décennies..."

Outre le PILC, l’association Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, section Tchad, a lancé en 2019, un projet de lutte contre la détention préventive abusive au Tchad, grâce à l’appui financier de l’Union Européenne. 

A travers ce projet, l’association aide également les justiciables démunis à avoir accès à un avocat. La DW a tenté d’avoir l’avis des autorités judiciaires sur le sujet mais sans succès.