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La lutte contre l'excision, en France aussi

Nadir Djennad
6 février 2020

En France, les autorités médicales estiment que 125.000 femmes excisées vivent dans le pays. Reportage dans une association qui lutte contre ces mutilations génitales et leurs conséquences.

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Kenia Mann trägt T-Shirt gegen Weibliche Genitalverstümmelung - Female Genital Mutilation FGM
Image : Reuters/S. Modola

'Je ne veux plus pleurer' (Diallo Fatima Binta, victime d'excision) - MP3-Stereo

Le 6 février, c'est la Journée internationale de lutte contre les mutilations sexuelles féminines.

En France, les autorités médicales estiment à 125.000 le nombre de femmes excisées vivant dans le pays. Même si cette mutilation est interdite, beaucoup de femmes en conservent des séquelles. Face à ce phénomène, une ONG, Equipop (Équilibres et populations), organise des ateliers en région parisienne ou des femmes victimes viennent trouver un réconfort et des conseils. Nadir Djennad a suivi un atelier à Noisiel, en Seine-et-Marne.

Les différents types de mutilations génitales féminines (en rouge, les parties coupées ou cousues)

"J'ai été excisée deux fois"

Diallo Fatima Binta témoigne devant une vingtaine de femmes et représentants de l'association Equipop.

Agée de 42 ans, d'origine malienne, elle affirme avoir été excisée deux fois. D'abord, au Mali, étant enfant, puis en Côte d'Ivoire à l'âge de 19 ans.  Elle explique ne pas avoir pu avoir d'enfants "parce que les rapports sexuels étaient très difficiles pour [elle], donc avec [s]on mari c'était compliqué."

C'est pourquoi la jeune femme a dû partir. "Jusqu'à présent, dit-elle, j'ai des séquelles psychologiques, je suis suivie par des psychologues. J'ai fait une dépression, je prends des antidépresseurs aujourd'hui pour pouvoir m'en sortir, j'ai failli même me suicider."

Des ateliers pour redonner la parole aux victimes

Cet atelier est animé par Aminata Dango, médiatrice au sein de l'association Equipop. Son objectif : redonner espoir aux femmes victimes d'excision. 

"Il s'agit de leur donner la parole, qu'elles puissent avoir un lieu ou libérer leur bagage. C'est un partage d'expérience mais aussi qu'elles puissent avoir confiance en elles, qu'elles aient une bonne estime d'elles."

Le thème central de cet atelier est la réparation. La chirurgie réparatrice permet en effet de réparer l'excision et les lésions associées.

Une opération est possible pour récupérer son identité de femme

Marly Ba, gynécologue à Paris, est venue encourager les femmes victimes à se faire opérer.

"Cela permet de récupérer une identité parce qu'on touche à son identité de femme. Cela permet aussi d'avoir une meilleure sexualité pour les patientes qui avaient des clitoris très enfouis ou une cicatrice très douloureuse."

Weibliche Genitalverstümmelung in Deutschland - Untersuchungsstuhl
Les gynécologues préconisent la chirurgie réparatriceImage : picture alliance/dpa/W. Kastl

Depuis qu'elle suit les ateliers d'Equipop, Diallo Fatima Binta avoue aller un peu mieux aujourd'hui :

"Avant, j'en parlais mais je pleurais chaque fois... Aujourd'hui, je suis en train de parler avec vous sans larmes parce que je me suis fixé des objectifs. Je ne veux plus pleurer. C'est toujours là, ce sont les séquelles que je vais garder à vie mais plus de pleurs."