La peur du terrorisme grandit
19 novembre 2010
Jeudi en Namibie, on a découvert un paquet suspect contenant un détonateur. Un colis que la police a intercepté à l'aéroport de Windhoek au cours du chargement d'un avion en partance pour Munich. Selon le ministre allemand de l'Intérieur, il s'agissait d'un test de sécurité. Les quotidiens se penchent aussi sur le premier procès civil d'un détenu de la base militaire américaine de Guantanamo.
De Maizière décrit un scénario concret, lit-on en Une de la Frankurter Allgemeine Zeitung. Selon le ministre de l'Intérieur, les services de sécurité redoutent un attentat sur le modèle des attaques de Bombay en Inde en 2008. Le scenario le plus probable, a déclaré Thomas de Maizière, est que des terroristes venus de l'étranger tentent de perpétrer un attentat dans un bâtiment ou sur une place publique peu après leur arrivée en Allemagne.
Le journal Die Welt met en garde contre une vague de paranoïa en Allemagne. Le sénateur de l'Intérieur de Berlin, Ehrhart Körting a donné hier le parfait exemple des conseils qui sont tout sauf utiles dans la lutte contre le terrorisme. Il a recommandé aux citoyens de prévenir les autorités s'ils avaient des nouveaux voisins « qui avaient l'air étrange » et « ne parlaient qu'en arabe ou dans une langue inconnue ». Le journal souligne que de tels voisins n'auraient pas pu être les terroristes du 11 septembre, qui passaient tout à fait inaperçus et qui maîtrisaient très bien l'anglais ou l'allemand. Ce genre de conseil ne fait qu'attiser la peur de l'autre et induire les autorités en erreur.
La Frankfurter Rundschau va dans le même sens et estime que si les propos du ministre Thomas de Maizière sont raisonnables et n'ont pas pour but de semer la panique, d'autres de chargent à sa place de mener le débat sur le durcissement des lois sur la sécurité. Mais le terroriste n'a pas gagné son combat quand il arrive à transformer une place publique en champ de bataille. Son véritable triomphe, c'est d'occuper nos esprits, de dévier nos pensées et de réécrire nos lois.
La Tageszeitung revient sur le jugement du Tanzanien Ahmed Ghailani, suspect terroriste qui a été reconnu coupable d'un seul chef d'accusation sur 286, celui d'avoir comploté en vue de détruire des biens américains. Il s'agissait du premier procès civil d'un ancien prisonnier de Guantanamo aux Etats-Unis, écrit le journal, et rien que cela, c'est une bonne nouvelle. Car lorsqu'on est détenu dans la base militaire en tant que terroriste présumé, on est entièrement livré à l'armée américaine, à l'écart de tout contrôle public ou médiatique et loin de toute chance d'avoir un procès juste.
Auteur : Aude Gensbittel
Edition : Jean-Michel Bos