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La place Tahrir s'embrase

18 décembre 2011

Les violences continuent entre manifestants anti-armée et forces de l'ordre. Le gouvernement provisoire de monsieur Ganzouri parle de contre-révolution et les Frères Musulmans appellent les militaires à s'excuser.

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La rue gronde en ÉgypteImage : dapd

Alors que l'Égypte est toujours en plein processus électoral, les heurts se poursuivaient dimanche entre forces de l'ordre et manifestants anti-armée, les deux camps s'accusant mutuellement de brutalité et de vandalisme.
L'armée a érigé des barrières dans les rues menant à la place Tahrir, épicentre du mouvement ayant poussé l'ex-président Hosni Moubarak à quitter le pouvoir le 11 février dernier.

La situation s'envenime

Samedi, des centaines de soldats égyptiens ont chargé sur la place Tahrir, incendié les tentes et matraqué les manifestants. Des images diffusées par la station de télévision privée CBC montrent des soldats frappant des manifestants gisant au sol et visant spécialement la tête.
Les militaires ont également fouillé les bârtiments entourant la place Tahrir, confisqué le matériel d'équipes de télévision et ont même arrêté provisoirement quelques journalistes.
Dimanche, des volontaires ont aidé les forces de sécurité et les pompiers à sauver 30 000 des 196 000 ouvrages de la bibliothèque de l'Institut d'Égypte, incendié la veille. Le ministre de la Culture Chaker Abdel Hamid a qualifié cet acte de "catastrophe pour la science". L'établissement avait été fondé en 1798 au cours de l'expédition en Égypte de Napoléon Bonaparte afin de faire progresser la recherche scientifique.

Kamal Al-Ganzouri und Hosni Mubarak
Ancien Premier Ministre de Moubarak, Kamal el Ganzouri (à g.) est rejeté par les ÉgyptiensImage : picture-alliance/dpa

Le processus électoral est-il menacé ?

Toute cette violence éclipse le processus des élections législatives, actuellement en cours. Si certains Égyptiens sont révoltés par l'attitude de l'armée, d'autres estiment qu'il vaudrait mieux se concentrer sur le scrutin.
Le Conseil suprême des forces armées est censé rester à la tête du paysr après la fin, prévue en janvier, des législatives, mais a promis de remettre le pouvoir à un président démocratiquement élu avant le mois de juillet prochain.
Une partie de la population soupçonne l'armée de profiter de sa présence à la tête du processus de transition pour tenter de conserver le pouvoir. D'autres savent gré aux militaires de chercher à maintenir le calme et l'ordre afin de permettre le bon déroulement des élections.Le Premier ministre intérimaire nommé par l'armée, Kamal al Ganzouri, impute la violence aux manifestants et n'hésite pas à parler de contre-révolution.

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Les manifestants n'ont plus peur des militaires et réclament leur départImage : dapd

« J'appelle toutes les forces politiques à protéger l'Égypte. Ce qui se passe aujourd'hui ne fait pas partie de la révolution, c'est une contre-révolution », a-t-il lancé samedi, lors d'une conférence de presse.

De leur côté, les Frères Musulmans, dont leur émanation poiltique le parti LIberté et Justice vient d'obtenir environ 40 % des voix lors de la deuxième phase des élections législatives, ont officiellement qualifié de criminels les agissements des militaires et exigent des excuses de la part du Conseil Suprême des Forces Armées. Dans une déclaration, celui-ci exprime ses regrets au sujet des événements de vendredi dernier, sans pour autant s'excuser.

Selon le Ministère égyptien de la Santé, le bilan des violences depuis vendredi s'élève à au moins 10 morts et plus de 500 blessés. Ces violences sont les plus graves depuis celles de novembre dernier qui avaient fait 42 morts, principalement au Caire, avant le début des élections législatives.

Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Mulaye Abd el Aziz