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La presse allemande exaspérée par la Turquie

Hugo Flotat-Talon
9 octobre 2017

Les lourdes réquisitions annoncées contre le millitant de droits de l'homme allemand et les personnes arrêtées avec lui font bondir la presse allemande ce lundi. Une presse qui revient également sur le conflit syrien.

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Berlin Fürbittengebet für Menschenrechtler Peter Steudtner
Le message "Liberté pour les prisonniers emprisonnés à tort en Turquie" est déjà affiché sur des bâtiments en Allemagne, comme ici à Berlin, en août dernier. Image : picture-alliance/dpa/G. Fischer

L'annonce a été faite dimanche. Quinze ans de prison requis par le parquet d'Ankara pour le formateur allemand Peter Steudtner, militant des droits de l'Homme. Lui et dix autres personnes, dont la directrice d'Amnesty International en Turquie et le président de l'organisation dans le pays, avaient été arrêtés en juillet dernier. Arrêtés lors d'un séminaire, accusés de "lien avec une organisation terroriste".

"Des accusations et réquisitions absurdes", réagit la Frankrfuter Allgemeine Zeitung ce lundi. "Des accusations effrayantes", pour la TAZ, la Tageszeitung. Et tous les journaux vont dans le même sens, parce qu'on "parle là d'un militant des droits de l'Homme", s'énerve Das Bild, quotidien populaire en Allemagne. "Ce sont des arrestations politiques", tranche la Tageszeitung. Elle rappelle que plusieurs journalistes dont des étrangers sont en prison, dont certains ne savent "même pas pourquoi".

Deutschland Türkei
Image : picture-alliance/dpa/M. Murat

"La Turquie annonce vouloir améliorer ses relations avec l'Allemagne le samedi, et le dimanche elle lance ces réquisitions contre un citoyen allemand", dit la TAZ. L'appaisement diplomatique entre les deux pays ne semble pas pour demain. "Le futur ministre des Affaires Etrangères du gouvernement allemand en construction pourrait ne pas plaire à la Turquie", explique la Süddeutsche Zeitung. Qu'importe pour le journal de Francfort, "l'Allemagne doit maintenant réfléchir à avancer sans la Turquie".

 

L'échec des "zones de désescalade" en Syrie

Türkei Armee an der Grenze vor Kobane
Image : picture alliance/ZUMAPRESS/Y. Akgul

La Turquie qui a justement débuté des opérations militaires en Syrie contre l'Etat Islamique ce lundi, raconte le Tagespiegel sur son site internet. Pour illustrer l'article, une image de chars au milieu des champs. Ou plutôt, encore, une image de chars. Six ans que la guerre dure en Syrie. Les combats ont fait 330 000 morts.  

"Et quand les responsables politiques se retrouvent, ce n'est plus pour parler de d'aide humanitaire ou de cessez le feu", raconte la Tageszeitung. "Non, au mieux, on parle de zones de désescalade". Des zones de trêves dont la mise en place avait été annoncée en mai par les alliés internationaux du régime et des rebelles. Elles doivent concerner quatre régions de la Syrie. 

 

"Les Syriens ne sont pas prêts de vivre en paix"

"De bons plans, mais qui ne marchent pas", explique le journal qui voit deux raisons à cet échec : l'absence de sanctions pour ceux qui ne respectent pas et leur partialité dans le conflit. "La Russie ou la Syrie utilisent le prétexte de la lutte contre les terroristes pour attaquer des civils". "L'observatoire syrien des droits de l'homme a comptabilisé 36 attaques russes contres des infrastructures civiles entre le 19 et 27 septembre", raconte la Taz.

La Turquie, l'Iran, les États-Unis et même l'Europe ont aussi les intérêts et leur dose de reproches. "Et même si le groupe Etat islamique est prochainement expulsé du pays, il restera toujours en arrière plan, à prospérer sur la misère", dit la Taz. Elle évoque aussi "les trois régions indépendantes et le régime central d'Assad" qui seront aussi un futur point de tension. "Les Syriens ne sont pas prêts de vivre en paix", conclu le journal.

Les zones grises foncées montrent l'évolution des territoires contrôlés par le groupe Etat islamique au fil des mois.

Portrait Hugo Flotat-Talon
Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_