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« La Révolution dévore ses Frères »

Sébastien Martineau15 août 2013

La plupart des journaux allemands ouvrent ce jeudi sur la désolation au Caire, après l'intervention meurtrière de l'armée égyptienne contre les partisans de Mohamed Morsi. La presse voit peu d'espoir de dialogue.

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Des partisans de Mohamed Morsi lors de l'évacuation du camp de Nasr City, le 14 août
Des partisans de Mohamed Morsi lors de l'évacuation du camp de Nasr City, le 14 aoûtImage : picture alliance / AP Photo

« La Révolution dévore ses Frères » titre en Une die tageszeitung. La confrérie des Frères musulmans a qualifié de "massacre" l'évacuation de ses campements de protestation. Mais quel autre mot pourrait-on utiliser pour décrire ces événements, quand des manifestants pacifiques sont attaqués par des véhicules blindés, quand on leur tire dessus à balles réelles, et que l'on ne compte plus les morts et les blessés ?

Au Caire, poursuit le quotidien, ce ne sont pas seulement des humains qui sont morts, c'est aussi l'espoir de voir les forces armées disposées à ramener l'Égypte vers la démocratie.

Même si la version officielle, selon laquelle certains manifestants étaient armés, devait être confirmée, cela ne changerait rien au fait que jusqu'à présent, aucune violence n'était partie de ces campements. Et les forces de "sécurité" ont systématiquement réduit à néant toutes les tentatives de compromis politique.

Die Welt n'est pas de cet avis. Le journal estime que les généraux et le gouvernement de transition sont prêts au dialogue. Mais les Frères musulmans sont-ils capables de faire des compromis ?

Ägypten Mohammed Mursi Archiv 30.01.2013
La justice égyptienne a prorogé de 30 jours la détention de l'ex-président Mohamed MorsiImage : imago

Au sein de la confrérie, on trouve des membres plus jeunes et moins radicaux que les actuels dirigeants. La situation au Caire pourrait s'apaiser si les laïcs et les plus modérés des Frères musulmans s'asseyaient ensemble pour rédiger une nouvelle Constitution, digne d'un État de droit, mais qui ne renierait pas l'islam.

Les dirigeants égyptiens ont donc opté pour l'option militaire, constate la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Une option choisie après que l'opposition principalement islamiste avait fait monter la pression au cours des jours précédents, avec des marches devant sept ministères et des appels à la désobéissance civile.

Cette évacuation fait entrer le conflit dans une nouvelle phase. Les Frères musulmans mobilisent désormais leurs partisans dans tout le pays et "la rue" n'est pas prête de retrouver le calme. Ces partisans savent bien que la confrérie ne jouera plus aucun rôle politique, et pour longtemps, si le régime issu du putsch du 3 juillet parvient à s'imposer.