La rhétorique de la haine
10 janvier 2011
Pour Die Welt, les Américains se regardent dans un miroir brisé par la haine et la peur. L'heure est au pessimisme avec la crise financière et les guerres qui s’éternisent en Irak et en Afghanistan. Mais rien n’excuse la violence. Le journal met notamment en cause la rhétorique brutale du nouveau mouvement ultra-conservateur : le Tea Party. En témoigne cette carte des Etats-Unis publiée par sa chef de file, Sarah Palin, sur laquelle on pouvait voir plusieurs circonscriptions démocrates marquées d’un viseur de fusil de chasse. Ce qui a été pensé métaphoriquement est devenu une réalité sanglante, déplore Die Welt.
La Süddeutsche Zeitung considère elle aussi que le Tea Party porte une part de responsabilité. Ses membres politiques n’hésitent pas à décrire leurs opposants comme des « ennemis » et à comparer leur résistance contre la politique de Barack Obama au combat pour l’indépendance mené par leurs ancêtres américains contre les colons anglais. Il faut stopper cette rhétorique de la haine, martèle le journal, sinon les Etats-Unis vont sombrer dans la violence. La droite américaine doit reconnaitre que ses mots ont un pouvoir funeste.
La Süddeutsche Zeitung commente également les émeutes au Maghreb – des émeutes qui sont politiques en Tunisie, où les manifestants aspirent à plus de liberté et de justice. Mais ça n’est pas encore le cas en Algérie, selon le journal. Ici, les jeunes s’attaquent aux signes de richesse, comme aux magasins. Ils sont pauvres et se révoltent. Leurs seules autres voies de secours restent l’immigration ou le suicide. Mais pour l'instant, le gouvernement algérien ne compte pas engager de réformes, il n’est donc pas prêt d’éteindre le feu des protestations.
Et à propos du Soudan, la Frankfurter Allgemeine Zeitung dresse un portrait de Salva Kiir, sous une photo de l’homme coiffé comme toujours de son chapeau Stetson. La F.A.Z. le décrit comme le « futur président de la plus jeune nation africaine ». Elle revient sur le passé de ce rebelle, l’un des premiers à s’être battu pour l’indépendance du Sud-Soudan dès les années 1960. Le journal s’interroge : l’ancien soldat Salva Kiir va-t-il installer une démocratie dans son nouveau pays ? Rien de moins sûr, quand on regarde son gouvernement actuel qui ressemble plutôt à un conseil militaire.
Auteur : Cécile LeclercEdition : Mireille Dronne